34)Réforme des retraites, l’avertissement de la CFDT avant la grève du 5 décembre
33)Le cri d'alarme de l'ancien haut-commissaire à l'énergie atomique
32)Artus - Zone euro : ce nouveau choc de désindustrialisation qui vient
31)Gagnants et perdants des taux bas
30)Commerce international, l’Europe à la manœuvre
29)Ford, patron voyou
28)Accord UE-Japon : Londres et Trump sont les grands perdants
27)Nouailhac - Carlos Ghosn, un scandale international
26)Les prémices d’une crise
25)« À force de tergiverser, la France est toujours le pays le plus dépensier et le plus taxé »
24)Pourquoi les taxes sur les carburants s’envolent
23)Artus - Pourquoi la situation économique de la France pourrait empirer
22)Ce qu’ont déjà changé les ordonnances travail
21)Emmanuel Faber : « Chez Danone, une personne, une voix, une action »
20)Après la grève à la SNCF, les discussions reprennent
19)Grève à la SNCF. Les raisons de la colère
18)La cagnotte et la dette
17) Les chiffres du déficit français à la loupe
16)Lassitude syndicale
15)Vers une refondation de la SNCF
13)Chantiers navals de Saint-Nazaire, le propriétaire italien sera sous surveillance
12)Les chantiers STX de Saint-Nazaire sous pavillon italien
11)Cinq plates-formes de vente d’artisanat en ligne
10)En France, le niveau du smic fait toujours débat
9)L’Adie étend ses dispositifs de franchise solidaire
8)Femmes, le long combat pour l’égalité salariale
7)Air France-KLM crée une nouvelle compagnie
6)La spectaculaire remontée des prix de l’électricité
5)Budget 2017 "après moi le déluge"
4)Solidarité nationale qui prévoit en économie?
3)assurance vie ... danger
2) le gouvernement a -t-il sauvé la sécu?
1)Pourquoi Le Déficit Commercial De La France S’aggrave-T-Il
34)Réforme des retraites, l’avertissement de la CFDT avant la grève du 5 décembre
La CFDT Cheminots a annoncé, jeudi 21 novembre, qu’elle allait déposer un préavis de grève reconductible à partir du 5 décembre. Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, a indiqué le même jour que le syndicat s’opposerait « à toute mesure d’âge » en vue de rétablir l’équilibre du régime.
Chacun avance ses pions, avant les rencontres prévues en début de semaine prochaine entre Édouard Philippe et les partenaires sociaux autour de la réforme des retraites. Jeudi 21 novembre au matin, le premier ministre a réaffirmé son intention de restaurer l’équilibre du régime de retraite d’ici à 2025 avant de mettre en œuvre le système universel.
Dans un rapport remis le même jour au chef du gouvernement, le comité d’orientation des retraites (COR) évalue le besoin de financement du régime entre 8 à 17 milliards d’euros en 2025, selon les hypothèses retenues.
Retraites, un système en manque de ressources
« Aux partenaires sociaux, je vais leur demander :”on fait quoi” ? », a lancé jeudi 21 novembre Édouard Philippe, écartant d’entrée de jeu toute hausse de cotisation ou baisse des pensions versées. « Si on veut équilibrer le système, il faut dire aux Français qu’on va travailler plus longtemps », a répété le chef du gouvernement.
La réponse de la CFDT ne s’est pas fait attendre. À l’issue d’un bureau national de deux jours, le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a affirmé le même jour que son organisation s’opposerait « à toute mesure d’âge » visant à équilibrer le système, y compris, s’il le fallait, en appelant à la mobilisation.
« Une construction politique »
« Le retour à l’équilibre en 2025, c’est une pure construction politique », s’est insurgé Laurent Berger. Selon lui, le rapport du COR montre que le déficit du régime n’est pas dû à une hausse des dépenses de retraite mais une baisse des recettes due, notamment, à la baisse du nombre de fonctionnaires. « À l’État d’assumer les conséquences de ses choix politiques, en compensant par exemple ce manque à gagner », a lancé Laurent Berger. La centrale refuse en tout cas des mesures d’âge – allongement de la durée de cotisation ou recul de l’âge légal – qui ne feraient que « creuser encore les inégalités du système actuel ».
Dans une déclaration adoptée à l’unanimité, le bureau national a réitéré son soutien à une réforme systémique des retraites – telle que conçue initialement – qui permettrait de corriger les inégalités du système envers les femmes ou les personnes aux carrières hachées. « Pour une fois, nous demandons à Emmanuel Macron de tenir une promesse de campagne », a ironisé le leader syndical.
Les cheminots CFDT dans la grève
Jouant sur la corde raide, Laurent Berger a soutenu la CFDT Cheminots qui a le même jour annoncé qu’elle allait déposer un préavis de grève reconductible à partir du 5 décembre. Le quatrième syndicat représentatif de la SNCF rejoint ainsi la CGT cheminots, l’Unsa ferroviaire et Sud Rail, qui s’étaient déjà déclarés.
Retraites, salaires, taxes… Les raisons de la grève du 5 décembre 2019
« Le gouvernement n’a pas mesuré les attentes des cheminots » qui ont « besoin d’être rassurés », a commenté Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT Cheminots à l’issue d’une rencontre avec le haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye et le secrétaire d’État aux transports Jean-Baptiste Djebbari. Seul l’Unsa Ferroviaire y a aussi participé, la CGT Cheminots et Sud Rail ne s’étant pas déplacé. Les deux membres du gouvernement devaient aussi rencontrer les syndicats représentatifs de la RATP mais la réunion a tout simplement été annulée faute de participants.
La « clause du grand-père » en question
La CFDT Cheminots dit vouloir encore croire à une possible avancée. « Si le gouvernement nous disait avant le 5 décembre qu’il accepte d’appliquer la “clause du grand-père”, c’est-à-dire à ne pas toucher au régime des cheminots aujourd’hui sous statut, nous n’appellerons pas à la grève », dit Didier Aubert selon qui la moitié des conducteurs ne débrayeraient alors pas. « On peut avoir des conditions d’entrée dans le nouveau système différentes selon les régimes », a commenté Laurent Berger, qui a soutenu la position des cheminots CFDT.
Du côté de la RATP, on estime aussi, selon un très bon connaisseur de l’entreprise, que cette clause du grand-père pourrait être un élément de sortie de crise. Une crise dont la durée est très incertaine. « Avec un recrutement, ces dernières années, d’une population venue des bassins d’emplois des grandes métropoles et des cités, les agents de la RATP n’ont plus la culture politique ou syndicale de leurs aînés, estime cet observateur. Leur comportement, plus influencé par la culture des réseaux sociaux est imprévisible et ils sont bien moins encadrés par les syndicats. »
33)Le cri d'alarme de l'ancien haut-commissaire à l'énergie atomique
VIDÉO. Yves Bréchet alerte sur l'avenir du nucléaire, « fleuron » de l'industrie française, aujourd'hui victime de l'idéologie comme du déclin de l'État stratège.
Propos recueillis par Thomas Mahler, Michel Revol et Géraldine WoessnerYves Bréchet, haut-commissaire à l'énergie atomique de 2012 à 2018, a longtemps appliqué le principe de Jean-Pierre Chevènement : un serviteur de l'Etat, « ça démissionne ou ça ferme sa gueule ». Mais, aujourd'hui, le polytechnicien, membre de l'Académie des sciences et président du conseil scientifique de Framatome, a retrouvé sa liberté de parole. Dans un entretien tonitruant – « qui n'engage que moi » – l'ingénieur lance un cri d'alarme sur l'avenir du nucléaire en France et déplore les idées reçues qui prolifèrent sur cette filière, alimentées par l'idéologie comme par l'absence de culture scientifique dans les médias. Plus généralement, il alerte sur la fin de l'Etat stratège, capable d'avoir une vision sur long terme. La faute, dit-il, à des élites qui ne savent plus ce qu'est l'industrie et ne se soucient plus que de faire des coups de com. Pourtant, entre le réchauffement climatique et la guerre économique, il y a urgence…
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Le Point : Nouveau dépassement de budget de 1,5 milliard d'euros pour l'EPR de Flamanville, arrêt du projet Astrid… Les mauvaises nouvelles s'accumulent pour le nucléaire en France. La filière est-elle en mauvaise passe ?
Yves Bréchet : En France, le nucléaire a des difficultés, c'est vrai. Mais connaissez-vous une filière industrielle qui n'en aurait pas quand son principal client, l'Etat, ne sait pas ou n'ose plus dire ce qu'il veut et que l'on s'évertue à rendre le nucléaire honteux ? Dans les médias, on parle ainsi de manière obsessionnelle des déboires du nucléaire, on tresse des lauriers à ses concurrents énergétiques et on accumule des contrevérités sur les déchets, sans jamais se soucier de vérifier ces informations. Je ne connais pas beaucoup de filières industrielles qui pourraient survivre à ça. Dès qu'un chat se coince la queue dans la porte d'une centrale, c'est un accident nucléaire ! Il ne s'agit pas de dire que tout va bien. Aujourd'hui, l'industrie a du mal à se remettre en marche après vingt ans (une génération !) sans avoir eu de grands projets. Ce n'est pas la même chose d'entretenir un parc nucléaire et d'en construire un nouveau. Dans les années 1970, l'industrie nucléaire construisait cinq centrales par an. Quand on parle aux vétérans, on se rend compte qu'à l'époque aussi les débuts étaient compliqués. Mais l'Etat savait ce qu'il voulait. On était alors capable de mobiliser des capacités industrielles de haute valeur pour une mission qui était claire et durable.
C'est ce qui explique pourquoi la Chine est capable de construire des EPR alors que nous accumulons les difficultés ?
Les deux EPR de Taishan, construits en partenariat avec la France, ont eu des surcoûts de 50 %, liés à l'augmentation du prix de la main-d'œuvre chinoise. Mais les surcoûts des EPR en Europe, comme à Flamanville, n'ont rien à voir avec cela, ils sont dus à une accumulation de bourdes. Dans le premier projet de Flamanville, il y avait par exemple 17 largeurs de porte différentes. Vous imaginez ça chez Ikea ? Quand vous n'avez plus construit de chantier depuis vingt ans, il faut réapprendre. Ces déboires sont la conséquence de la perte de compétences industrielles. Le nucléaire n'est que la partie émergée de l'iceberg. Nous avons complètement détruit notre industrie depuis trente ans. Dans les ministères, ils ont ainsi oublié que fabriquer des choses ce n'est pas juste concevoir des applis pour votre iPhone. Mais la situation pour le nucléaire n'est pas désespérée si on en prend conscience ! Et, pour cela, il faut une ligne de conduite claire avec des réglementations qui ne changent pas tous les six mois au fil de la construction, ainsi qu'une vision sur plusieurs années.
Que pensez-vous de la lettre envoyée au président d'EDF par le gouvernement, qui évoque la construction de six EPR ?
Si c'est vrai, c'est une lueur d'espoir – et un courage politique. On ne peut avoir une industrie fiable et rentable que si elle a une perspective et qu'on standardise les nouvelles centrales. Mais j'attends de voir les actes suivre les discours, car j'ai l'habitude de voir des manœuvres de jésuite autour du nucléaire…
Sommes-nous passés d'un pays capable de grands projets industriels à une vision à court terme ?
Nous assistons à la lente dégradation de l'Etat stratège. La capacité de l'Etat à mener une vision à long terme se délite, alors qu'en même temps il bavarde de plus en plus. Bien sûr, l'Etat ne peut pas être stratège en tout. A titre personnel, cela ne me dérange pas que les avions fassent des vols privés. Mais l'énergie, comme la santé, ce n'est pas n'importe quoi. L'énergie nécessite de se projeter dans trente ans, car il n'y a pas de retour sur investissement immédiat. Nous sommes par exemple dans un pays où 90 % de l'électricité (nucléaire + hydraulique) dépend des turbines, et on vend ces turbines conçues par Alstom à une entreprise américaine, General Electric. En apprenant cela, l'ingénieur et le citoyen que je suis est tombé de sa chaise. On a longtemps reproché à l'Etat français de s'appuyer sur des élites techniques (Polytechnique) et administratives (l'Ena). Mais songez que, de 1947 à 1975, Louis Armand, père de la SNCF et d'Euratom, donnait un cours fabuleux sur les technologies de l'industrie française à l'Ena. Ces élites avaient au moins conscience des compétences qui leur manquaient ! Inutile de préciser que tout cela a disparu. Robert Dautray, qui a travaillé sur la bombe H, me confiait que, quand on sortait du corps des Mines, c'était un honneur d'aller d'abord dans les mines. On n'aurait pas confié des missions de conseil à ces élites avant qu'elles n'aient fait leurs armes sur des sujets concrets. Aujourd'hui, des jeunes gens frais émoulus donnent des conseils dans des domaines qu'ils ne connaissent pas, essentiellement pour remplir leur carnet d'adresses. Je le sais, car je suis un pur produit du système. La génération qui a construit le parc nucléaire français a aussi élaboré le TGV ou la filière aéronautique. Elle savait qu'il fallait reconstruire le pays et assurer sa souveraineté à la suite des chocs pétroliers, là où nos élites actuelles n'ont plus qu'à construire leur carrière.
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Aucun membre du gouvernement ne trouve-t-il grâce à vos yeux ?
Agnès Buzyn est l'une des rares ministres compétentes et courageuses. Il faut la mettre sous cloche pour la préserver ! Sinon, si vous cherchez une réflexion un peu construite sur l'industrie chez les politiques, il faut aller voir Jean-Pierre Chevènement. C'est quand même inquiétant que, dans un pays comme la France, ce soit un octogénaire qui ait la vision la plus claire sur l'énergie. Je précise que je ne suis pas politiquement proche de lui.
Pourtant, avec le réchauffement climatique, il y a urgence…
L'urgence climatique n'autorise pas les effets de manches. Et nous sommes en plus dans une guerre économique qui a succédé à la guerre froide. Dans cette configuration, on a plus que jamais besoin d'un Etat stratège. La problématique est de décarboner notre énergie. Mais, aujourd'hui, on s'évertue à décarboner une électricité déjà décarbonée ! Remplacer le nucléaire décarboné par les énergies renouvelables ne réduit en rien le dioxyde de carbone. L'Allemagne avait 20 % de nucléaire, mais a décidé d'en sortir, rouvrant ainsi ses usines à charbon, sans parler des milliards par an que coûte cette transition énergétique. Vous pensez que la France peut se permettre d'investir 1 200 milliards d'euros dans un parc de production éolien, avec des turbines à gaz pour pallier les absences de vent quinze jours par an ? Tout ça sans aucune diminution des gaz à effet de serre ? C'est autant d'argent qui n'ira pas dans la rénovation du bâtiment et dans l'électrification des transports. Mais plutôt que de se demander : « Qu'est-ce qu'on peut faire d'efficace ? », on se demande : « Qu'est-ce qu'on peut annoncer ? » Les énergies renouvelables locales font sens. Mais les mettre sur le réseau électrique, c'est beaucoup plus compliqué. Il faut pour cela des investissements massifs dans la recherche sur le stockage. Au lieu de cela, on subventionne des panneaux photovoltaïques importés de Chine…
Les coûts de l'éolien ne sont-ils pas aujourd'hui moins élevés que ceux du nucléaire ?
L'EPR coûte cher et nécessite des délais. A supposer qu'il coûte 13 milliards – ce qui est bien trop cher –, il faut cependant avoir conscience qu'il va durer soixante ans. Il produira 600 millions de mégawattheures et rapportera près de 60 milliards d'euros. Non seulement nous sommes myopes en ne voyant plus le long terme, mais nous avons aussi des verres déformants. Le prix au pied de l'éolienne est certes légèrement moins élevé que celui du nucléaire, mais les éoliennes auront une durée de vie de deux à trois fois plus faible et fonctionnent un tiers du temps, ce qui multiplie le prix par cinq ou six. Et je ne vous parle pas des problèmes de stabilité du réseau.
Regrettez-vous l'abandon du projet Astrid, prototype de réacteur de quatrième génération ?
Le nucléaire est une énergie qui consomme une matière inutile, l'uranium, et qui, en plus, la consomme mal. Il crée ainsi des déchets à longue durée de vie dont le plus problématique est le plutonium (90 % des déchets à vie longue). L'uranium appauvri laisse 300 000 tonnes de déchets qui ne sont pas nocifs, mais inutiles. L'idée des réacteurs à neutrons rapides, dont Astrid devait être le démonstrateur, c'est de transformer le plutonium et l'uranium appauvri en combustible : on multiplie par 50 les réserves uranifères et on divise par 10 les déchets à longue durée de vie. C'est la technologie industrielle la plus mature pour fermer le cycle, c'est-à-dire aboutir à un recyclage complet des matières. Arrêter Astrid, c'est nous priver de la souveraineté en termes de ressources. Ce n'est pas un hasard si de grandes nations comme la Chine, mais aussi Bill Gates, financent d'importants travaux de recherche sur ces réacteurs à neutrons rapides. En France, c'est un summum d'hypocrisie, car on nous dit que les études papier vont continuer et qu'un jour on saura faire, comme par magie. Mais les gens qui prennent ces décisions n'ont pas la moindre idée de ce qu'est une industrie ! Ce n'est pas le même métier que de faire des fusions-acquisitions dans une banque, si vous voyez ce que je veux dire…
Comment expliquez-vous les incompréhensions sur le nucléaire ? Selon un récent sondage BVA, 69 % des Français pensent que le nucléaire participe à la production de gaz à effet de serre.
Le nucléaire rejette 200 fois moins de dioxyde de carbone que le charbon, soit 100 fois moins que le gaz et autant que l'éolien. Même le Giec a rappelé, dans son rapport de 2018, qu'on ne fera pas l'économie du nucléaire. Par ailleurs, on sait parfaitement démanteler des centrales en fin de vie : plus de 40 d'entre elles ont été rendues « au vert » dans le monde. Si on n'arrive pas à achever le démantèlement de celle de Brennilis, c'est pour des raisons d'obstruction juridique ! On sait aussi parfaitement gérer les déchets nucléaires par vitrification puis entreposage géologique profond en sous-sol argileux. Et pourtant, on nous répète des désinformations ad nauseam, selon le principe d'Herriot qui explique qu'un mensonge qui a longtemps servi devient une vérité. Ce qui est choquant, ce ne sont pas tant les contrevérités propagées par les associations antinucléaires et véhiculées par les médias que le fait que l'Etat s'en désintéresse. Après un tel sondage, le gouvernement aurait dû réagir pour rappeler que le nucléaire ne contribue pas au réchauffement climatique. Mais nos responsables préfèrent acheter la paix dans les dîners mondains plutôt que de remplir leur devoir d'information. Dans une démocratie, le vrai poison est le mensonge toléré et, dans le cas du nucléaire, c'est presque un mensonge instrumentalisé.
Est-ce un problème d'éducation scientifique ? Les journalistes, comme les politiques, ne brillent pas forcément dans cette matière…
Un journaliste scientifique comme Sylvestre Huet, qui est l'honneur de votre profession, n'est à ma connaissance pas un scientifique de formation. Ce n'est pas une question de formation, mais de temps passé à comprendre. Si la pratique de la science est un métier, la rationalité scientifique, elle, relève du bien commun. Je ne suis pas un adepte d'une scientocratie, c'est-à-dire de l'idée que les scientifiques prennent toutes les décisions. En revanche, il faut apprendre à distinguer ce que l'on sait de ce que l'on croit, ne pas confondre le fait d'être concerné et d'être compétent. Nous sommes dans une période où la science est omniprésente, mais où les obscurantistes ne se sont jamais fait autant entendre. Le nucléaire n'est que le révélateur d'un mal du siècle : la disqualification des experts. Il témoigne par ailleurs du mépris qu'on peut avoir pour les citoyens tout en faisant mine de les écouter. En Suède, ils ont ainsi organisé un vrai débat citoyen sur le sujet, et le responsable de la gestion des déchets n'a pas hésité à discuter avec la population très régulièrement, et toujours avec des groupes inférieurs à 20 personnes. Comme remède, il faut développer une éducation au raisonnement qui commence dès l'école primaire, reconnaître que la connaissance scientifique est un bien commun essentiel, prendre le temps de parler avec les citoyens, et pas uniquement avec ceux qui confisquent leur parole en s'autoproclamant « représentatifs et non gouvernementaux ».
Mais que répondez-vous à ceux qui disent que le nucléaire civil est dangereux ?
Par kilowattheure produit, le nucléaire tue 1 700 fois moins que le charbon, 350 fois moins que le pétrole et 4 fois moins que le solaire ou l'éolien, si l'on compte les chutes lors de la pose et de l'entretien. Une centrale n'explosera pas comme une bombe. Ce qui ne veut pas dire que ce n'est pas un secteur intrinsèquement dangereux. Chaque accident – Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima – a conduit au développement de nouvelles mesures de sûreté. J'aimerais qu'on puisse en dire autant de toutes les industries dangereuses. Le nucléaire est très contrôlé, avec en France une Autorité de sûreté nucléaire qui compte un millier de personnes, totalement indépendantes – vous pouvez demander à EDF. Mais je pense surtout que les citoyens devraient aller visiter les centrales, et que ce soit les gens qui y travaillent qui les accueillent et non pas des communicants. Nos concitoyens verraient des grands professionnels fournissant une électricité deux fois moins chère qu'en Allemagne avec une stabilité d'approvisionnement inégalée, alors même qu'on les traîne dans la boue. Et ils réaliseront qu'on a là un fleuron industriel, qui mérite d'être apprécié à sa juste valeur, loin des manœuvres électorales qui le prennent comme victime expiatoire.
32)Artus - Zone euro : ce nouveau choc de désindustrialisation qui vient
CHRONIQUE. L'emploi industriel a déjà reculé de 12 % depuis 1998. Pour au moins trois raisons, il est à craindre que cette chute s'accélère.
Par Patrick ArtusPour ne pas simplement subir le choc une fois qu’il aura eu lieu, il faudrait préparer la reconversion des salariés qui vont être affectés.
© CLEMENT MAHOUDEAU / AFP
La désindustrialisation de la zone euro réduit les gains de productivité, la croissance potentielle, le niveau de vie. Malheureusement, on voit venir aujourd'hui un nouveau choc de désindustrialisation, avec le recul de la demande mondiale pour les biens d'équipement, avec la crise prévisible du secteur automobile, avec l'affaiblissement des « industries du passé » et toujours avec le handicap de compétitivité-coût de la zone euro par rapport aux pays émergents.
La zone euro s'est déjà désindustrialisée depuis 2009 en raison en particulier de son handicap chronique de compétitivité-coût vis-à-vis des pays émergents. L'emploi industriel est 12 % plus faible aujourd'hui qu'en 1998, la capacité de production de l'industrie a reculé de 7 % depuis 2007.
Cette désindustrialisation a des effets très négatifs : recul de la productivité (puisqu'elle est plus élevée de 35 % dans l'industrie que dans le reste de l'économie), donc de la croissance potentielle ; recul du salaire moyen (qui est aussi plus élevé dans l'industrie de 43 %).
Mais nous craignons qu'un nouveau choc de désindustrialisation ne se produise aujourd'hui et dans le proche futur. Les causes d'un tel choc dans la zone euro sont nombreuses. Les perspectives de court terme y sont mauvaises pour l'industrie (la production industrielle recule depuis 2007), mais, au-delà, trois facteurs pourraient durablement l'affaiblir.
Le recul de la demande mondiale pour les biens d'équipement industriel, lié au recul du poids de l'industrie de l'économie mondiale, touche aussi la zone euro. La production mondiale de biens d'équipement est la même aujourd'hui qu'en 2006, la production industrielle du monde a augmenté de 13 % de 2008 à 2019 alors que le PIB du monde a augmenté de 37 %. Dans la zone euro, la production de biens d'équipement stagne aujourd'hui.
La crise prévisible du secteur automobile débute et va s'amplifier avec le passage rapide à la voiture électrique : 30 % environ de la valeur d'une voiture électrique est la batterie électrique, produite essentiellement en Asie. Il va donc y avoir un transfert massif de l'Europe vers l'Asie de la valeur ajoutée et de l'emploi du secteur automobile et de ses sous-traitants. Le secteur automobile et ses sous-traitants représentent 5,5 % du PIB de la zone euro et 3,4 millions d'emplois.
Reconversion
Enfin certaines industries (chimie, biens intermédiaires) peuvent être considérées comme des industries du passé avec les contraintes environnementales, climatiques, et leur production recule alors qu'elles représentent 4,5 % de l'emploi total.
Les conséquences économiques (pertes d'emploi, recul de la productivité et du salaire moyen), politiques et sociales d'un nouveau choc de désindustrialisation seraient (seront ?) graves. Pour ne pas simplement subir le choc une fois qu'il aura eu lieu, il faudrait préparer la reconversion des salariés qui vont être affectés.
31)Gagnants et perdants des taux bas
La Banque centrale européenne (BCE) pourrait annoncer, ce jeudi 25 juillet, une nouvelle baisse de ses taux directeurs, immédiate ou pour septembre.
Son objectif est de soutenir l’économie, sur fond de ralentissement mondial.
Les taux de la BCE sont déjà à zéro, ou négatifs, depuis cinq ans, ce qui bouscule les stratégies des acteurs économiques.
L’acheteur immobilier sourit, l’épargnant grimace
Le taux d’intérêt moyen des crédits immobiliers a atteint son plus bas niveau historique en juin, à 1,25 % (1). Cette situation, qui se conjugue avec l’allongement de la durée moyenne des prêts et la baisse des apports personnels requis, facilite l’acquisition d’un patrimoine immobilier pour les particuliers, malgré la hausse constatée des prix.
Selon l’institut Rexecode, le pouvoir d’achat immobilier des ménages a ainsi augmenté de 4,6 m2 sur un an en avril, avec notamment un impact positif de la baisse des taux et de l’augmentation de la durée moyenne des prêts, tandis que la hausse des prix faisait reculer de 3,8 m2 ce pouvoir d’achat. D’autant plus qu’avec une inflation de 1,2 % sur un an en juin (après 0,9 % en mai), les coûts réels des prêts immobiliers sont faibles.
En juin, le Haut Conseil de stabilité financière, l’autorité française chargée de la surveillance du système financier, évoquait un risque de crédit des ménages emprunteurs « maîtrisé ».
Les ménages qui avaient déjà acheté en ont, eux, profité pour renégocier leur prêt à la baisse. Toutefois, cette tendance « se calme un peu, car cela fait maintenant plusieurs années que les taux sont bas », explique Cyril Blesson, de l’équipe des Cahiers de l’épargne du cabinet Pair Conseil.
En revanche, qui dit taux d’intérêt bas, dit aussi une moindre rentabilité de l’épargne pour les particuliers. La rémunération du livret A est ainsi « bloquée » à 0,75 % jusqu’en janvier 2020 et « le rendement de l’assurance vie va continuer à baisser, avance Cyril Blesson. Dans cette situation, l’immobilier apparaît comme une valeur refuge. Les particuliers ont aussi tendance à garder leur épargne sur leur compte courant ».
Les entreprises achètent et investissent
Pour les grandes entreprises, les taux d’intérêt bas riment avec « rachats ». « La période est propice aux fusions et acquisitions », atteste Franz Zurenger, administrateur de l’Association française des trésoriers d’entreprise (Afte) et trésorier d’Interparfums, une grosse PME cotée en Bourse. Son entreprise avait d’ailleurs joui dès 2015 de taux avantageux pour acquérir la marque de parfums et de couture Rochas : « C’était déjà intéressant de s’endetter », raconte-t-il.
« Certaines sociétés profitent des taux bas pour emprunter aujourd’hui, en vue de futures acquisitions, ajoute-t-il. Elles rachètent aussi des obligations qu’elles avaient émises pour se financer, pour en émettre des nouvelles avec des taux plus faibles. »
Jean-Claude Climeau, trésorier du groupe Thales, se veut pour sa part plus nuancé sur les opportunités liées aux taux bas. « Ils peuvent améliorer l’équation, mais le lancement d’une acquisition dépend surtout de la rationalité stratégique », insiste cet administrateur de l’Afte.
Les taux d’intérêt bas favorisent également les investissements des entreprises. Selon l’Insee, le taux d’investissement des sociétés non financières (SNF) a augmenté de façon régulière depuis 2013 pour atteindre environ 24 % de la valeur ajoutée l’année dernière. « Après la crise, la reprise économique s’est appuyée sur l’investissement », confirme Cyril Blesson. Autre indicateur, issu de la Banque de France : la croissance annuelle des crédits à l’investissement aux SNF s’est établie à 7,1 % en mai, portée par les crédits d’équipement.
Faut-il s’inquiéter d’un tel endettement ? Celui des SNF représentait 72,6 % du PIB (environ 1 700 milliards d’euros) au quatrième trimestre 2018, selon le Haut Conseil de stabilité financière, qui notait « une progression des risques » en juin. Il avait décidé, fin 2017, de plafonner l’exposition des grandes banques aux grandes entreprises les plus endettées, pour amortir le choc en cas de crise.
Denis Ferrand, directeur général de Rexecode, fait valoir que des actifs sont adossés à cette dette des entreprises, qui doit donc selon lui « être mise en parallèle avec la valorisation de leurs actions. Or, celle-ci augmente grâce aux rachats d’entreprises ». Reste qu’une correction de ces valorisations historiquement élevées pourrait être brutale. Les taux d’intérêt bas impliquent aussi une rémunération moindre de la trésorerie des entreprises. « On a hâte que ça change, dit Franz Zurenger. Car les taux faibles sont un signe que la croissance est à la peine. »
Les banques font grise mine
Les taux d’intérêt bas ne font pas l’affaire des banques. Afin de soutenir l’activité économique et de poursuivre son objectif d’une inflation « à un niveau proche mais inférieur » à 2 %, la Banque centrale européenne (BCE) a progressivement baissé le taux auquel les établissements bancaires se financent auprès d’elle. C’est ce taux, appelé « taux de refinancement », qui détermine ceux auxquels les banques commerciales prêtent ensuite aux ménages et entreprises. Figé à 0 % depuis 2016, il tire vers le bas les taux des crédits qui leur sont accordés. « Il est donc plus difficile pour les banques de gagner de l’argent grâce aux crédits qu’elles octroient, car leur marge d’intérêt, c’est-à-dire la différence entre leur taux de refinancement et celui auquel elles prêtent, tend à se réduire, résume Éric Delannoy, du cabinet Tenzing. En outre, dans une dynamique durable de taux bas, les banques ne peuvent plus compter sur les taux élevés des crédits accordés par le passé, en raison des renégociations réclamées par leurs clients. »
Cette difficulté se double d’un taux de dépôt négatif des liquidités bancaires auprès de la BCE. Concrètement, chaque jour, les banques peuvent déposer l’argent qu’elles n’ont pas pu prêter à la BCE, moyennant rémunération. Mais avec un taux de dépôt à – 0,40 % aujourd’hui, « les banques récupèrent moins que ce qu’elles ont déposé », souligne Céline Antonin, à l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). « Le coût annuel du taux de dépôt négatif s’élève à 7,5 milliards d’euros pour les banques de la zone euro, calcule Éric Dor, à l’école de commerce IESEG. Il est principalement supporté par les allemandes, à hauteur de 2,6 milliards d’euros, puis par les françaises (1,7 milliard d’euros), car ce sont celles qui ont le plus de liquidités. »
Le contexte actuel pourrait peser durablement sur la rentabilité des banques même en cas de remontée des taux, car de nombreux clients paieront peu d’intérêts pendant de longues années. « Dans ce secteur concurrentiel, des difficultés commerciales peuvent aussi se poser, car les banques peinent à proposer à leurs clients des placements sûrs et bien rémunérés. Il y a aussi un risque qu’elles se tournent vers des produits financiers plus risqués », estime Éric Delannoy.
Une bouffée d’air pour l’État
Alors que la France emprunte 200 milliards d’euros par an pour couvrir son déficit annuel et financer sa dette qui dépasse 2 000 milliards d’euros, la baisse continue des taux d’intérêt constitue une bouffée d’air bienvenue.
Depuis plusieurs années, les taux réellement payés sont en effet largement inférieurs à ceux prévus par le budget. Ce qui permet de dégager à chaque année une petite « cagnotte » arrivant à point pour boucler les comptes. Selon les calculs du rapporteur général du budget, le député LREM Joël Giraud, la persistance des taux bas va ainsi permettre une économie de 11,9 milliards d’euros d’ici à la fin du quinquennat. Et encore, ses calculs sont basés sur des hypothèses plutôt prudentes avec un taux d’emprunt à dix ans qui remonterait à 3,5 % en 2022. Bien au-delà de son niveau actuel, qui vient de passer… sous les 0 %.
Cet argent qui ne coûte rien relance le débat politique sur la nécessité de continuer à réduire la dette du pays. De nombreux économistes suggèrent de profiter des taux historiquement bas pour financer un grand programme d’investissements, notamment dans la transition écologique. Une idée qui dépasse largement le cercle des économistes les plus à gauche, partagée par Olivier Blanchard, ancien économiste en chef du FMI, ou Jean Pisani-Ferry, responsable du programme présidentiel d’Emmanuel Macron.
Cette question est toutefois loin de faire l’unanimité, alors que la dette française approche les 100 % du PIB du pays. « Ceux qui proposent d’emprunter toujours plus sont des pousse-au-crime », s’offusque ainsi Éric Woerth, président LR de la commission des finances de l’Assemblée. S’endetter pour investir n’est une bonne idée que si l’on est capable ensuite de rembourser le capital, estime également François Ecalle, spécialiste des finances publiques. Or, insiste-il, « la France ne rembourse jamais. Alors, dans dix ou quinze ans, quand il faudra refinancer ces prêts, cela se fera à des taux que personne ne peut prédire et qui seront peut-être bien plus élevés qu’aujourd’hui ».
À Bercy, on assure que le débat est tranché et qu’il n’est nullement question d’ouvrir les vannes. Bruno Le Maire, le ministre de l’économie, l’a redit il y a peu devant les députés : « La dette est un poison lent, de plus en plus lent, certes, mais un poison malgré tout. »
30)Commerce international, l’Europe à la manœuvre
Enquête
Présenté en conseil des ministres ce mercredi 3 juillet, le projet de loi de ratification du Ceta, le très controversé accord commercial passé avec le Canada, sera examiné par les parlementaires le 17 juillet. Un débat relancé par l’accord passé entre l’Union et les pays du Mercosur, dont le Brésil.
Stimuler la croissance quand le marché intérieur n’y suffit plus et imposer ses principes et ses normes dans les relations internationales à l’heure où le multilatéralisme est de plus en plus contesté, tels sont les grands objectifs revendiqués par l’Union européenne pour justifier une politique commerciale particulièrement active mais aussi très contestée.
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« Mettre le commerce au service de l’environnement »
« Depuis les années 2010, plus d’une quinzaine d’accords bilatéraux sont entrés en vigueur », souligne Jean-Marc Siroën, professeur à l’université Paris-Dauphine. Mais au-delà du nombre, c’est surtout l’ampleur de ces accords qui compte. « Notamment avec la plupart des pays du top 10 du commerce international, de la Corée du sud au Japon en passant par le Canada, ce qui est une manière de s’opposer aux prétentions hégémoniques de Washington et de Pékin », précise-t-il.
Avec le Mercosur, un accord « historique »
Dans la bataille à laquelle se livrent les grandes puissances, l’Europe vient de marquer un nouveau point avec la conclusion, vendredi 28 juin, d’un accord commercial avec les pays du Mercosur – Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay – qui représentent ensemble la 5e économie mondiale.
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Les négociations commerciales entre l’UE et le Mercosur dans la dernière ligne droite
Présenté comme « historique », cet accord doit permettre d’accroître des échanges qui représentent déjà 84 milliards d’euros pour les biens et 34 milliards pour les services. Selon la Commission européenne, l’abaissement à zéro des droits de douane sur 91 % des biens exportés par les entreprises européennes vers les pays du Mercosur devrait générer une économie de 4 milliards d’euros par an et, surtout, ouvrir un marché de 260 millions de consommateurs jusqu’ici très fermé pour certains secteurs, notamment l’automobile, la pharmacie ou l’habillement. Sans parler des services et de la possibilité désormais reconnue d’accéder aux marchés publics.
« Rétablir une certaine réciprocité des échanges »
Mais le gain recherché ne se mesure pas seulement en points de croissance ou en nombre d’emplois créés. « Au-delà des avantages économiques substantiels que procurent ces accords, il s’agit aussi de rétablir une certaine réciprocité des échanges et d’organiser les relations commerciales autour de règles encore trop peu développées, voire inexistantes, au niveau de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), notamment en matière sociale et environnementale », précise un haut fonctionnaire de Bruxelles.
Mais ces promesses sont-elles toujours tenues ? Un peu moins de deux ans après l’entrée en vigueur, en septembre 2017, du Ceta, l’accord signé avec le Canada, le bilan semble mitigé. Selon les statistiques disponibles, qui datent de l’automne 2018, la suppression de la quasi-totalité des droits de douane entre les deux ensembles n’a pas fait exploser les échanges.
Bilan mitigé du Ceta
Les exportations de l’UE vers le Canada ont augmenté de 7 % en moyenne entre 2017 et 2018, avec des pointes à 10 % pour les produits de pharmacie, le mobilier, les cosmétiques et les vêtements. De même, si certains produits agricoles se vendent mieux (+ 34 % pour le chocolat, + 29 % pour les fruits), pour d’autres, le résultat est décevant. Notamment pour les fromages dont les exportations au Canada ont atteint 17 000 tonnes en 2018, sous les 18 500 tonnes de contingent obtenu par l’UE.
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À l’inverse, l’invasion de bœuf canadien tant redoutée n’a pas eu lieu. Alors que l’UE avait ouvert un contingent de 45 000 tonnes au Canada, les licences d’exportation accordées pour 2018 représentent à peine 365 tonnes.
« Mais ces résultats sont à prendre avec prudence parce que l’accord est récent, mis en œuvre partiellement et que les échanges avec le Canada portent surtout sur des produits primaires, jusqu’ici soumis à des droits faibles », nuance Jean-Marc Siroën.
Plus favorable avec la Corée
Cinq ans après sa mise en œuvre, l’accord signé avec la Corée du Sud présente un bilan plus favorable. « Les exportations de l’UE ont augmenté de 60 % alors que les estimations d’impact donnaient une hausse de 25 %. Le déficit historique de 10 milliards d’euros avec la Corée du Sud est devenu un excédent de 5 milliards. Et l’Europe assure désormais 13 % des importations coréennes contre 9 % avant l’accord, ce qui la replace derrière la Chine, mais devant les États-Unis et le Japon », souligne-t-on à Bruxelles.
Surtout, l’accord a permis à l’Europe de promouvoir un certain nombre de normes et règles qui préservent ses intérêts. « Par exemple, la reconnaissance par la Corée du Sud des indications géographique protégées (IGP) ou l’adoption de la réglementation européenne en vigueur pour le secteur automobile », insiste-t-on à la Commission.
Il en va de même pour l’accord avec le Mercosur qui devrait comprendre un chapitre sur la sécurité alimentaire et phytosanitaire et un autre sur le développement durable, les deux étant censés garantir le respect de normes sociales, sanitaires et environnementales.
« Un accord de régulation du commerce »
« C’est un accord majeur pour sa portée humaine. Non pas un accord de libre-échange comme on l’entend trop souvent, mais bien un accord de régulation du commerce qui permet à l’Europe de jouer un rôle stratégique dans la mondialisation et d’imposer ses valeurs à ceux qui souhaitent venir sur nos marchés », résume un haut fonctionnaire.
Mais cet argumentaire a encore du mal à faire taire les critiques qui réunissent le monde agricole et les mouvements écologistes.
« L’agriculture comme variable d’ajustement »
« Comme le Ceta, l’accord avec le Mercosur utilise l’agriculture comme variable d’ajustement pour conquérir de nouveaux marchés », accuse Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, le principal syndicat agricole français.
« Surtout, il met en concurrence deux modèles agricoles qui ne jouent pas à armes égales. D’un côté, on demande aux agriculteurs européens de monter en gamme, avec des produits plus sains, d’avoir des pratiques plus respectueuses de l’environnement. De l’autre, on ouvre nos frontières à des produits agricoles qui n’offrent aucune garantie en matière sociale, sanitaire et environnementale », poursuit-elle.
La question climatique, « non contraignante »
Des craintes partagées par les organisations écologistes qui pointent également la menace que font courir de tels accords sur le climat. « Dans le Ceta, la question climatique n’est pas prise en compte. Et si elle est évoquée dans l’accord avec le Mercosur, c’est sur un mode non contraignant, sans qu’aucune sanction ne soit prévue en cas de violation de l’accord de Paris. Face à la politique du président brésilien Bolsonaro qui conduit à une déforestation massive de l’Amazonie, il faudrait prendre des sanctions commerciales plutôt que de passer un accord avec lui », plaide Mathilde Dupré, de l’Institut Veblen, à Bruxelles.
Qui croire ? « Ni les uns, ni les autres, propose Jean-Marc Siroën. L’union européenne surestime sans doute sa capacité à tout contrôler. Mais le monde agricole et les écologistes exagèrent aussi les effets catastrophiques de ces accords. Ce qui est déterminant, ce n’est pas la signature, mais la mise en œuvre effective de ces traités. À la société civile de s’assurer que les régulations promises sont bien respectées. »
29)Ford, patron voyou
L’usine de Ford à Blanquefort, dans la région de Bordeaux, qui fabrique des changements de vitesse, va fermer ses portes et mettre 800 salariés sur le carreau.
CE N’EST ni la première fois ni la dernière fois qu’une usine est arrêtée en France. Le cas de Blanquefort est cependant caractéristique de tout ce qu’un patron ne doit pas faire. Ford ne perdait pas d’argent avec ce site. Il a estimé qu’il n’en gagnait pas assez et, fidèle aux principes du capitalisme sauvage, il a décidé d’en finir avec cette lointaine possession en France pour complaire à ses actionnaires. Un repreneur a été proposé à Ford, qui l’a récusé, de même qu’il refuse de vendre l’usine et ses machines sous le prétexte qu’il ne veut pas livrer ses secrets industriels à un concurrent. Le ministre français de l’Économie, Bruno Le Maire, s’est évertué à trouver une solution qui aurait protégé au moins une partie des emplois. Face à l’intransigeance et au cynisme du patron américain, pas gêné de jeter 800 personnes à la rue, il a exprimé sa colère. Il a même pensé à nationaliser l’usine pour la revendre un peu plus tard.
Ford paiera.
Le pire, c’est que Ford a reçu des aides publiques pour un montant de 15 millions d’euros. Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, disait ce matin qu’on ne pouvait pas exiger le remboursement de cette somme car Ford a tenu ses engagements en matière d’embauche. En revanche, Ford paiera pour les divers dommages que sa décision va coûter à ses employés, à la région et à la France. On peut s’attendre à une procédure judiciaire très longue : les multinationales, et plus particulièrement les américaines, ne se croient pas toujours soumises au droit étranger. Ce sont les mêmes Américains qui ont condamné certaines de nos banques à des amendes colossales parce qu’elles n’ont pas respecté les règles en vigueur dans le droit des États-Unis. Bref, on peut considérer Ford comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, qui se moque de tout ce qu’il casse pourvu qu’il parvienne à ses fins.
Le précédent d’Alstom.
Cet entêtement, cette arrogance, cette logique cruelle n’ont pas déclenché une émeute parmi les ouvriers de Blanquefort, qui croyaient fermement à une reprise de l’usine, et se montrent aujourd’hui encore plus consternés que scandalisés. L’État français reste leur dernier espoir, mais ils savent déjà que la procédure d’indemnisation, de reclassement, de formation, sera longue, pénible et, pour eux, coûteuse. Parmi les salariés de Ford-France, l’ancien candidat de l’extrême gauche à la présidentielle, Philippe Poutou, dit aujourd’hui se battre pour un emploi dont il a cruellement besoin. Il partage donc les angoisses et les peurs de ses collègues. Il n’y a rien de très nouveau dans cette affaire. Mais, d’une part elle montre que la désindustrialisation n’est pas terminée en France et qu’elle continue à faire des ravages. Quel que soit le pouvoir en place, la réaction est la même : Arnaud Montebourg, alors ministre de l’Économie, était puissamment intervenu dans le rachat partiel d’Alstom par General Electric qui, par la suite, fut incapable d’assurer le recrutement de 1 000 salariés supplémentaires et dut payer 50 millions de dollars à l’État. Comme Montebourg, Bruno Le Maire a réservé à Ford ses critiques les plus violentes. Et, d’autre part, Ford a poussé le refus du compromis à un degré qui dépasse les bornes. Voilà un partenaire haïssable qui se moque effrontément du sort de 800 personnes.
Pas de remède contre l’arrogance.
Le gouvernement, qui a pris l’engagement de faire rendre gorge à Ford, s’attaque à une autre de ces citadelles multinationales dont on ne peut attendre le moindre esprit de coopération. On verra, dans cet exemple, comme dans celui d’Ascoval, aciérie en perdition dans les Hauts-de-France, les ravages de la mondialisation. Il y a eu des crises induites par la malhonnêteté des banques internationales ; il y a la concurrence asiatique ; il y a la nécessité de moderniser notre industrie et de la rendre plus compétitive. On connaît les remèdes industriels et sociaux. On n’a pas de martingale en revanche pour lutter contre le cynisme, l’indifférence, le refus de prendre le moindre risque, l’aveuglement qui fait que le premier réflexe d’un patron consiste à sacrifier ses salariés alors que sa principale préoccupation devrait être de les garder aussi longtemps que possible. S’il est vrai que les régimes autoritaires et leur capitalisme d’État n’offrent guère d’espoir, une réforme du système international des investissements, des échanges monétaires et des fusions-acquisitions, comprenant des garde-fous sociaux, devient un impératif catégorique.
Richard Liscia
28)Accord UE-Japon : Londres et Trump sont les grands perdants
Avec leur vaste accord de libre-échange, le Japon et l'Union européenne laissent sur la touche Donald Trump et le Royaume-Uni de l'après-Brexit...
Par Emmanuel BerrettaEntré en vigueur vendredi, l'accord de libre-échange entre le Japon et l'Union européenne supprime un milliard d'euros par an de droits de douane acquitté par les entreprises de l'UE
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Il s'appelle Raffaele Mauro Petriccionne, il est italien, il parle anglais, français, espagnol et allemand et c'est l'homme qui a négocié le plus gros accord de libre-échange conclu par l'Union européenne avec le Japon. Entré en vigueur vendredi, cet accord supprime un milliard d'euros par an de droits de douane acquitté par les entreprises de l'Union européenne. En France, 7 925 entreprises – des PME à 83 % – commercent d'ores et déjà avec le pays du Soleil-Levant. Près de 740 000 emplois seraient ainsi soutenus par les exportations françaises vers le Japon. Mais pour que l'accord porte vraiment ses fruits, encore faut-il que les entrepreneurs français s'en emparent totalement... Or, à l'export, les lacunes françaises sont nombreuses par rapport aux Allemands. C'est un domaine sur lequel la France doit travailler.
Les Européens exportent d'ores et déjà 69 milliards d'euros de marchandises et 31 milliards d'euros de services en direction du Japon (données 2017). La balance commerciale des échanges avec le Japon est déficitaire de 8,5 milliards d'euros sur les marchandises, mais excédentaires de 13 milliards d'euros sur les services. Bruxelles espère augmenter les exportations entre 16 et 24 %, avec des pics (+ 170 %) dans l'agroalimentaire. Les Japonais, très longtemps fermés, ouvrent en effet leur marché aux produits agricoles et agroalimentaires. À terme, 85 % seront librement exportés. Les Pays-Bas seront ravis de voir les droits de douane supprimer sur le gouda ou les Britanniques et les Irlandais sur le cheddar. La mozzarella et la feta seront contingentées. La France voit les droits de douane supprimés sur les vins dès l'entrée en vigueur de l'accord.
Dans le secteur de la viande bovine (si sensible dans l'Hexagone), les droits de douane sont progressivement réduits de 38,5 à 9 % sur 15 ans. Tokyo reconnaît au passage 205 IGP (indications géographiques protégées) tels que le Jambon d'Ardenne, le Roquefort, la vodka polonaise, la bière de Munich, etc. Dans le secteur des services, le marché nippon s'ouvre aux télécommunications, aux transports (notamment ferroviaires) et aux services financiers. Les marchés publics seront ouverts aux entreprises européennes dans 48 grandes villes, couvrant environ 15 % de la population japonaise.
30 % du PIB mondial
Stratégiquement, cet accord avec la 4e économie mondiale (127 millions de consommateurs) crée un espace de libre échange représentant 30 % du PIB mondial. Au moment où les États-Unis esquissent une politique isolationniste, l'Europe et le Japon confortent une vision ouverte des relations marchandes. Dans le secteur sensible de l'automobile, l'accord aménage une ouverture dosée. Les Japonais se protégeaient des Européens par un maquis de barrières non tarifaires. En fait, ils avaient adopté une réglementation technique nationale empêchant les constructeurs européens d'y prendre souche. Cet accord met fin à cette pratique nippone. Le Japon accepte de reprendre à son compte environ 150 réglementations techniques internationales (développé dans un forum dédié à l'ONU). Ce ralliement ouvre ainsi la voie à Peugeot, Renault, Audi, BMW, Skoda, Fiat, etc. C'est un point très important de la négociation. L'élimination des droits de douane dans ce secteur sera échelonnée sur 7 ans à mesure que le Japon intégrera les normes internationales. S'ils retardent, l'élimination des droits de douane sera retardée d'autant. En outre, une clause de sauvegarde est prévue en cas de croissance trop rapide des importations de voitures japonaises en Europe.
Cet accord est très similaire à celui conclu entre l'UE et la Corée du Sud. Les constructeurs automobiles européens, d'abord réticents, en ont tiré un très grand bénéfice puisque les exportations sont passées de 2 à 6 milliards d'euros en quatre ans. Le Japon avait à cœur d'obtenir la parité avec la Corée du Sud, son grand concurrent en matière automobile. En fait, à l'heure actuelle, les voitures japonaises vendues en Europe sont pour deux tiers d'entre elles construites dans une usine européenne. Les Japonais disposent dans l'UE de 14 usines et de 16 centres de recherche. Ils se servent d'ailleurs de leur plateforme européenne (qui emploie directement 34 000 personnes) pour exporter 240 000 véhicules japonais hors l'Union européenne. D'ailleurs, Nissan vient d'annoncer qu'en raison du Brexit, la nouvelle version de son X-Trail ne serait pas construite à Sunderland au Royaume-Uni. Voilà qui devrait faire réfléchir Londres sur les conséquences catastrophiques d'un Brexit sans accord... Il y a donc deux grands perdants de l'accord UE-Japon : la Grande-Bretagne qui n'en profitera pas (puisqu'elle sort de l'Union européenne le 29 mars) et Donald Trump, dont l'industrie automobile va perdre du terrain au Japon par rapport aux constructeurs européens et par rapport aux constructeurs japonais en Europe.
Pas d'accord sur le règlement des différends
Aujourd'hui, la France exporte vers le Japon des airbags, des chaussures de sécurité, du sucre, du vin, de la confiture, des graines de tournesol, des équipements pétroliers, des pâtisseries surgelées, des équipements de ski... pour un total de 6,4 milliards d'euros. L'Hexagone dégage un excédent de 850 millions d'euros avec Tokyo. Le Japon est le 6e partenaire commercial de la France en dehors des pays de l'Union européenne.
En revanche, les Européens n'ont pas convaincu les Japonais d'adopter le nouveau système de règlement des différends, en vigueur dans l'accord avec le Canada. « Les Japonais n'ont pas souhaité changer le système des tribunaux arbitraux qui leur convient pour un système plus lourd qui exige de nommer des juges avant même qu'un litige prenne naissance, » explique-t-on à Bruxelles. En outre, ils redoutent que le système des juges nommés par les États limite leur capacité à légiférer. Donc, pour l'instant, le règlement des différends est toujours un sujet en négociation...
27)Nouailhac - Carlos Ghosn, un scandale international
On ne sait toujours rien sur les vraies ou fausses raisons pour lesquelles le PDG de Renault est maintenu en détention provisoire à Tokyo.
Par Jean NouailhacMalgré plusieurs demandes, les autorités françaises n’auraient toujours pas obtenu la communication du dossier complet du procureur japonais et les preuves des accusations portées contre le dirigeant français.
© TORU YAMANAKA / AFP
Ce n'est pas une déclaration de guerre du Japon à la France, mais cela ressemble fortement à une agression caractérisée de la justice japonaise à l'égard des PDG internationaux qui s'aviseraient, selon elle, de défier un tant soit peu les règles de vie économique très restrictives du pays du Soleil-Levant. De là à mettre en détention provisoire pour trois longues semaines le plus célèbre PDG français qui a fait de l'alliance Renault-Nissan-Mitsubishi le premier constructeur mondial d'automobiles et d'utilitaires légers, il y a un gouffre que n'a pas hésité pourtant à franchir un procureur de Tokyo.
Serait-ce le début d'une chasse aux grands patrons étrangers basés au Japon, alors qu'aucun dirigeant de Tepco, l'opérateur de Fukushima, n'a été condamné à ce jour après la catastrophe nucléaire de 2011, que les patrons de Takata n'ont jamais été inculpés alors que leurs airbags défaillants ont tué des dizaines d'automobilistes dans le monde ou que les dirigeants d'Olympus sont toujours en liberté après avoir détourné des centaines de millions d'euros puisés dans les caisses de leur société ?
Ce qui est insensé dans cette affaire, et pour tout dire extrêmement choquant, est la façon dont le procureur se comporte avec le PDG du groupe Renault, comme si celui-ci était un mafieux local, un dangereux yakuza ou un assassin des bas-fonds qui serait connu de la justice locale pour des méfaits de notoriété publique. Or que reproche-t-on à Carlos Ghosn ? Apparemment d'avoir dissimulé certains revenus au fisc. Qui lui reproche cela ? Un cadre de l'état-major de Nissan, agissant comme un « lanceur d'alerte », qui aurait obtenu malgré ses propres turpitudes et grâce à cette brillante délation une sanction allégée dans son parcours pénal.
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Une entreprise planétaire à lui tout seul
Il faut savoir que Carlos Ghosn cumule plusieurs sortes de revenus provenant de diverses sources – principalement Renault en France, Nissan et Mitsubishi au Japon, ainsi que leur holding commune aux Pays-Bas –, lesquels revenus se subdivisent en salaires et en distributions régulières d'actions ou de stock-options, sans compter d'importants défraiements et avantages en nature répartis sur différents territoires dans plusieurs continents. Au niveau des responsabilités planétaires qui sont les siennes, Ghosn a forcément délégué la gestion de ses finances personnelles à des spécialistes internationaux rompus à la jonglerie permanente qui consiste à devoir faire cohabiter des réglementations sociales et fiscales très différentes, sans doute inextricables et peut-être également contradictoires.
Avec un chiffre d'affaires personnel (tous ses revenus mondiaux) de l'ordre de 15 millions d'euros par an, Carlos Ghosn est une véritable PME à lui seul, une entreprise personnelle dont la gestion est par nature horriblement compliquée. Un contrôle fiscal avec une loupe japonaise sur une telle PME ne donnera pas le même résultat qu'un contrôle fiscal français avec une loupe fabriquée à Bercy. De quelque côté qu'on se place, on trouvera toujours quelque chose à reprocher à ces PDG de classe mondiale à responsabilités planétaires, qui disposent de revenus internationaux spectaculaires et qui sortent de tous les schémas connus sur terre, même chez les plus grands PDG.
Le plus étrange dans cette affaire Ghosn, c'est la timidité que l'on peut observer du côté français, où, malgré plusieurs demandes, nous dit-on, on n'aurait toujours pas obtenu la communication du dossier complet du procureur japonais et les preuves des accusations portées contre le dirigeant français. C'est du jamais-vu. L'aparté entre Emmanuel Macron et son homologue japonais Shinzo Abe lors du G20 argentin, la veille des émeutes de samedi à Paris, ne semble pas avoir donné le moindre résultat, du moins officiellement.
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Mystère
Nous sommes là face à un homme de 64 ans, mis au secret dans l'enfer carcéral de Kosuge, un centre pénitentiaire bien connu des Japonais pour ses conditions de détention « dures », confiné dans une cellule de 6,5 mètres carrés (dont une réplique qui donne froid dans le dos a été publiée en pleine page dans le dernier numéro du Figaro Magazine), traité de façon inhumaine par un procureur qui applique rigoureusement des lois pénales japonaises d'une extrême brutalité destinées à humilier et mater les ténors de l'une des pègres les pires de tout l'Extrême-Orient, dans un pays qui n'a pas la moindre considération pour la notion même de présomption d'innocence. Comment est-il possible de laisser cet homme-là ainsi sans une défense diplomatique puissante, sans le secours de son pays ?
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Pour quelle raison le gouvernement français n'a-t-il pas daigné accorder ce soutien à l'homme exceptionnel qui a fait en vingt ans d'une marque moribonde, Renault, un emblème et un groupe industriel tricolore universellement connu et respecté, aujourd'hui numéro un mondial devant Toyota, Volkswagen et General Motors ? Pourquoi l'État français semble-t-il incapable d'obtenir des éclaircissements de la justice japonaise, et donc indirectement de l'État japonais ? Il y a un profond mystère dans tout cela, s'agissant d'un assassinat économique international qui rappelle fâcheusement aux Français un autre assassinat, politique cette fois, d'un certain François Fillon. D'un extrême à l'autre de la planète, le cynisme et la brutalité des États dépassent parfois l'entendement.
26)Les prémices d’une crise
Pourquoi les bourses du monde entier accusent-elles une chute brutale ? Parce que la croissance, qui est relativement forte dans le monde, cache des failles structurelles (et politiques) que personne ne songe à combler.
DONALD TRUMP a encore répété, tout récemment, que l’économie américaine (4 % de croissance et plein emploi) n’a jamais été aussi forte. Son emphase habituelle n’est pas démentie par les chiffres. Mais cette période de croissance, qui n’est pas partagée par tout le monde, est probablement illusoire : beaucoup d’incertitudes pèsent en effet sur l’avenir immédiat. Il est important de dire ici que le président américain, malgré tous ses efforts pour ralentir la croissance par des mesures protectionnistes répétées, n’a pas réussi à réduire les échanges commerciaux, de sorte que le déficit américain reste tout aussi élevé qu’avant ses décisions. Il est non moins important de rappeler qu’il a stimulé une croissance naturellement bonne par des réductions d’impôts dont il n’a nullement prévu le financement. Cette relance d’une économie déjà vigoureuse aura donc pour effet, à terme, de créer une bulle financière. C’est le scénario que redoutent le plus les acteurs économiques et financiers. La dette mondiale n’a cessé d’augmenter, en dépit de l’inoubliable crise de 2008 et des mesures qui ont suivi pour que l’effondrement du système ne se reproduise pas. Avec 164 000 milliards de dollars de dette mondiale accumulée, le défaut d’un seul pays (et il y a plusieurs concurrents à la banqueroute, à commencer par l’Argentine et l’Italie) peut conduire à un désastre.
Les accusations de Trump.
Le Fonds monétaire international lance de discrets appels à la prudence, mais il est impossible de convaincre Trump de changer de politique monétaire. Il a accusé la Banque fédérale des réserves (la Banque centrale des Etats-Unis) d’augmenter les taux, ce qui effraierait les marchés, toujours friands des politiques « accommodantes » de la Fed. Ce n’est pas vrai. La bourse a depuis longtemps intégré l’idée que les taux d’intérêt devaient remonter et, si les marchés se sont effondrés ce matin, c’est pour d’autres raisons. La première est le retour du protectionnisme, dont les effets sont pour l’instant invisibles, mais qui finira, à plus long terme, par réduire sensiblement les échanges mondiaux. La seconde, c’est l’instabilité politique créée par la montée des populismes dans le monde entier, en tout cas sur les deux continents, américain et européen. L’arrivée des extrêmes au pouvoir crée le genre d’incertitude politique dont les bourses ont horreur. Le moins que l’on puisse dire de ces nouveaux régimes, c’est qu’ils sont hostiles à toute discipline financière et ont hâte de récompenser leurs électeurs par des mesures sociales dont ils n’ont pas le premier centime. C’est ce qu’a fait Trump, c’est ce que fait aujourd’hui le gouvernement italien, c’est ce que ferait Marine Le Pen si elle entrait à l’Élysée. En d’autres termes, la croissance rassure les marchés, mais les perspectives d’une croissance artificielle, due uniquement à des considérations démagogiques, les épouvantent.
Le Brexit ne va non plus pas dans le sens de la prudence. Il en sortira de très vives difficultés économiques pour la Grande-Bretagne, mais l’Union européenne en souffrira aussi. Le développement galopant de la Chine repose sur une dette incalculable, celui de divers autres pays sur une dette intérieure tout aussi alarmante. Et ce que l’on sait des dettes de toutes sortes, c’est que si, le plus souvent, les emprunteurs n’ont pas les moyens de les rembourser, il y a toujours des créanciers qui attendent imperturbablement les intérêts, puis le capital. Le coup de semonce de la bourse d’aujourd’hui peut ne pas se reproduire demain. Mais les conditions sont réunies pour qu’existe un risque d’effondrement financier mondial qui ne sera pas forcément écarté par les mesures de contrôle adoptées au lendemain de la crise de 2008.
25)« À force de tergiverser, la France est toujours le pays le plus dépensier et le plus taxé »
ENTRETIEN. Dans « En marche vers l'immobilisme », Agnès Verdier-Molinié livre une critique parfois sévère du manque d'audace et de réformes du président Macron.
Propos recueillis par Jérôme BégléPour réveiller les Français et leurs gouvernants, Agnès Verdier-Molinié livre un essai concret et pragmatique très conforme à la doxa libérale.
Le titre du livre qui sort ce mercredi annonce clairement la couleur. En marche vers l'immobilisme (éditions Albin Michel) est le cri du cœur d'une amoureuse (déjà) déçue par le macronisme. Comme beaucoup d'électeurs d'Emmanuel Macron, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation iFRAP, un cercle de réflexion indépendant qui évalue les politiques publiques, a été séduite par la volonté réformatrice du candidat devenu président. Quinze mois plus tard, elle déchante et ne se cache pas derrière son stylo pour tirer un premier bilan du quinquennat. La grande réforme fiscale se fait attendre, les économies promises sont restées lettres mortes, l'administration responsable de biens des blocages n'a pas été remise au pas, mais la communication bat son plein. Certes, des réformes ont été lancées. Mais elles se révèlent trop timides et très imparfaites dans leurs mises en œuvre. Bref, l'auteure craint que le mandat d'Emmanuel Macron ne s'enlise dans les mêmes sables mouvants que ceux de ses prédécesseurs. Pour réveiller les Français et leurs gouvernants, Agnès Verdier-Molinié livre un essai concret et pragmatique très conforme à la doxa libérale. Un petit manuel de la réforme agrémenté de quelques idées simples et, selon elle, efficaces pour libérer les énergies et redonner du pouvoir d'achat aux particuliers ainsi que des marges d'investissements aux entreprises. Entretien.
Le Point : Votre livre s'intitule En marche vers l'immobilisme. Ça y est, pour vous, le quinquennat est terminé ?
"En marche vers l'immobilisme" d'Agnès Verdier-Molinié (ed Albin Michel) sort en librairies ce mercredi 26 septembre.
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Agnès Verdier Molinié : Non le quinquennat n'est pas terminé ! C'est justement pour cela que j'ai écrit ce livre. Pour alerter le gouvernement, la majorité mais aussi tous les citoyens de France sur le fait que c'est maintenant qu'il faut se réveiller et mener la transformation de notre modèle qui en a tant besoin. Les premiers mois du quinquennat ont apporté leur lot de bonnes réformes avec la baisse de la fiscalité sur le capital notamment. Cependant, le levier de la baisse des dépenses publiques qui aurait dû être actionné dès les premiers jours du mandat ne l'a pas été. Cela était possible avec une loi de finances rectificative en juillet 2017 comprenant des mesures de frein à l'endettement, d'augmentation du temps de travail dans nos administrations, de report de l'âge de départ en retraite, de possibilité pour les managers publics d'embaucher uniquement sous contrat s'ils le souhaitent, de décentralisation de gestion de l'Éducation, d'autonomie des établissements hospitaliers mais aussi des écoles, collèges et lycées… Tout cela a été, pour l'instant, reporté à plus tard. À ce stade, seul le levier fiscal est utilisé par le pouvoir. C'est un énorme risque qui est pris. Car comment baisser durablement la fiscalité si les dépenses en face ne baissent pas ? Un cruel jeu de bonneteau fiscal s'est ainsi installé depuis 18 mois... On baisse d'un côté la fiscalité et on la monte de l'autre. Et la loi de finances pour 2019 montre que ce tour de passe-passe va continuer. Quand on refait l'addition, on comprend que les impôts ne vont guère baisser pour les ménages. Jusqu'à quand ? Jusqu'au retour du ras-le-bol fiscal ? Nous avons tous à y perdre. Pour éviter cela, nous devons revenir aux fondamentaux de la bonne gestion publique. En la matière, les six prochains mois seront décisifs.
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En quoi Emmanuel Macron vous a-t-il déçue ?
La question n'est pas la déception de tel ou telle, mais celle de la nécessité de l'audace réformatrice au service des Français. En 2017, nous avons élu un homme jeune et plein de dynamisme pour sortir de l'empilement des strates que nous subissions depuis 1945 entre l'État, les collectivités et la Sécurité sociale. Ce nouvel élan devait permettre à la France d'exprimer toute la force de ses talents. La France attendait d'Emmanuel Macron qu'il tourne le dos à cet immobilisme, qu'il releve le défi de la transformation de notre modèle administratif, social et fiscal. Or, il est frustrant de voir que ce gouvernement, comme les autres, tombe si vite dans les pièges tendus par notre technostructure et nos syndicats. Il est décevant de constater qu'il perd un temps infini à mener de fausses réformes comme celle du prélèvement à la source qui a tout d'une usine à gaz. Une fausse simplification qui risque bel et bien de nous ponctionner plus d'impôt sur le revenu… Tout cela sur un fond d'une complexité aggravée et de coût pour les entreprises qui se rajoute à la charge administrative gigantesque qui pèse déjà sur leurs épaules. Pourtant, les objectifs à atteindre sont simples et partagés par une grande majorité des Français : réduire le chômage à 6 %, réduire les dépenses publiques à 50 % du PIB, réduire la fiscalité à 40 %, rétablir notre balance commerciale et faire baisser la dette. Des objectifs largement atteints par nos voisins européens.
Quelles sont les bonnes mesures, les bonnes réformes entreprises par le gouvernement ?
De bonnes choses ont aussi été réalisées comme le rétablissement du jour de carence, l'ISF supprimé aux deux tiers (même s'il aurait mieux valu une suppression totale), la réduction du nombre d'emplois aidés. Mais les réformes annoncées comme les plus « ambitieuses » déçoivent : la flexibilisation du Code du travail avec les ordonnances de septembre 2017 ont changé bien peu de choses, le Code du travail est toujours aussi lourd, le recours au référendum d'entreprises est freiné au maximum, les syndicats et le poids des branches est alourdi. La grande réforme des retraites systémique que nous attendons depuis longtemps avec l'alignement des modes de calcul du public sur le privé et des économies à la clé a du plomb dans l'aile. Elle a déjà été reportée et, vu les échos qu'on peut en avoir, elle risque aussi d'être une mégafusion technocratique avec des bugs en vue.
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Quant à la baisse des effectifs, mieux vaut ne pas en parler pour l'instant. 1 660 postes supprimés en 2018, 4 164 postes en 2019, pour l'État il faudra 10 ans pour arriver aux objectifs affichés par le gouvernement soit 120 000 suppressions de postes… Et la masse salariale de l'État augmentera encore en 2019 pour atteindre 88 milliards d'euros ! En parallèle, même si on parle beaucoup de contractualisation, on ne fait rien d'ambitieux sur le statut public, rien sur le temps de travail des agents, rien sur la suppression d'échelons, rien sur les externalisations qui sont pourtant essentielles pour faire baisser la dépense publique. Tout cela est pourtant tout à fait possible en France. Dans ce livre, je cite l'exemple de la commune de Plan-de-Cuques, dont le maire sans étiquette a externalisé la gestion des espaces verts et de nombreux autres services publics tout en gardant un haut niveau de qualité, fait baisser la dépense et les impôts alors que la commune était parmi les plus endettées de France. Pas la peine d'aller chercher bien loin des exemples de bonne gestion publique.
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Pourquoi, contrairement à ses voisins, la France
ne parvient-elle pas à renouer avec la croissance ?
Parce que ce sont toujours les mêmes qui conçoivent, mettent en musique et appliquent les réformes. Et que nos gestionnaires publics professionnels conçoivent les plans de réforme non pour transformer en profondeur le modèle, mais pour le faire évoluer à la marge par petites touches impressionnistes. Résultat : personne ne peut être satisfait, ce que l'on annonce comme de grandes réformes ne peut pas donner de résultats, car ces « réformes » ne sont en réalité que de petits pas sans effet. Et tout le monde est déçu : ceux qui croyaient dans le changement de modèle comme ceux qui rugissaient qu'il ne faut pas toucher au modèle.
À force de tergiverser et de faire des réformes très raffinées pour plaire à tout le monde mais incompréhensibles, complexes et inefficaces, la France est toujours le pays le plus dépensier et le plus taxé. Championne de la pression fiscale avec plus de 45 % de taux de prélèvements obligatoires, même chose pour de la dépense publique avec 56 %. Notre déficit commercial dépasse toujours les 60 milliards d'euros et notre dette est parmi les plus élevées, 2 219 milliards d'euros en 2017, soit 98 % du PIB et la dette va encore augmenter en 2019 pour atteindre presque 99 %. Il ne faut pas chercher plus loin ce qui freine notre croissance, car pour financer tous ces écarts de gestion, il faut taxer lourdement nos entreprises, notamment pour plus de 70 milliards chaque année sur la production ce qui fait que nos entreprises ne sont pas compétitives et que notre croissance patine.
Les pays qui ont réformé comme la Suède ou la Suisse ou même l'Allemagne ont remis leur système à l'endroit en le mettant au service des citoyens et des entreprises de leur pays, en se posant à chaque fois la question avant de dépenser un euro d'argent public de la nécessité de cette dépense, en évaluant en permanence la charge administrative des entreprises et en évaluant en temps réel l'impact des nouvelles lois sur l'emploi. La plupart de ces pays ont des Parlements forts qui évaluent vraiment les politiques publiques sans être sous la tutelle d'un ministère des Finances qui leur dicterait en permanence les réponses et les chiffres… Pour l'instant, nous ne nous dirigeons pas vers un vrai renforcement du rôle de notre Parlement. Certains pays consultent aussi l'opinion publique comme en Suisse avec les votations, cela permet de prendre des décisions de gestion publique avec l'appui et l'adhésion des citoyens. Notre référendum d'initiative populaire n'existe dans la Constitution que pour faire de la figuration. Il est plus que temps de faire plus confiance aux Français, à la société civile.
Pourquoi la France est-elle si difficilement réformable ?
La France n'est pas plus difficile à réformer qu'un autre pays européen. À condition de ne pas tomber dans le piège de l'immobilisme de ceux qui parlent le plus fort et qui font semblant de représenter la majorité d'entre nous. Les pro-réformes sont plus nombreux, mais ils sont trop silencieux. Avec ce livre, je veux leur redonner la parole.
En marche vers l'immobilisme d'Agnès Verdier-Molinié (éditions Albin Michel), 275 pages, 20 euros.
24)Pourquoi les taxes sur les carburants s’envolent
La facture d’essence et plus encore de gazole des automobilistes augmente fortement, notamment sous l’effet de la hausse de la fiscalité écologique.
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Pour les ménages, la hausse de la fiscalité sur les carburants pèse lourd. Très lourd même, selon l’association CLCV (Consommation logement et cadre de vie) qui estime qu’un foyer possédant deux voitures paiera 140 € de plus de taxes en 2018 par rapport à l’année précédente. L’association exhorte donc le gouvernement à renoncer aux nouvelles augmentations prévues en 2019.
Le poids des taxes
Si le prix du carburant varie fortement en fonction des évolutions du cours du pétrole, le prix à la pompe dépend aussi beaucoup de la fiscalité. Les taxes pèsent en effet deux tiers de la facture.
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Selon les chiffres de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), un litre de sans-plomb supporte plus d’un euro de taxes. Ainsi un prix du brut de 75 € par baril (soit 159 litres) va aboutir à un prix à la pompe de 1,52 € par litre mais le coût du produit est de seulement 46 centimes et celui de la distribution de 11 centimes.
Le reste correspond donc à la fiscalité : 11 centimes de TVA, 69 centimes de Taxe intérieure sur la consommation des produits énergétique (TICPE) et enfin 13 centimes de TVA… sur la même TICPE.
Les proportions sont à peu près équivalentes pour le gazole. Un prix de 1,44 € au litre se décompose ainsi en 47 centimes de produit, 11 centimes de coût de distribution, 11 centimes de TVA, 61 centimes de TICPE et 12 centimes de TVA sur la TICPE.
Pourquoi la fiscalité augmente
Le niveau de la fiscalité sur les carburants est en très forte augmentation ces dernières années. Cette pression fiscale s’explique par une triple volonté affichée par les gouvernements successifs : taxer les carburants fossiles afin de lutter contre le réchauffement climatique ; réduire l’écart de prix entre essence et gazole au nom de la santé publique ; rechercher des recettes nouvelles.
L’abandon de la taxe poids lourds en 2014, sous la pression des « bonnets rouges »,
avait ainsi conduit l’État à rechercher une compensation dans l’augmentation de 2 centimes de la TICPE sur le gazole.
Plus largement, la mise en place d’une taxation des émissions de carbone en 2014 a largement contribué
à la hausse progressive et constante de la fiscalité. Ainsi, la composante carbone de la TICPE est passée de 7 € la tonne en 2014 à 44,6 € cette année.
L’effet du « dieselgate »
Ces changements ont des effets très notables. En dix ans, selon CLCV, « la facture énergétique des automobilistes liée aux taxes a augmenté de 13 % » pour un automobiliste roulant à l’essence et du double s’il utilise un véhicule diesel.
Dans le même temps, la prise en compte des dangers sanitaires du gazole et les répercussions du « dieselgate » autour des tricheries de Volkswagen ont conduit les gouvernements à changer de politique pour rogner les avantages consentis aux motorisations diesel.
Le précédent gouvernement a ainsi engagé un mouvement de suppression progressive de l’écart de taxation profitant jusqu’à présent au gazole. L’actuel gouvernement le poursuit. Voilà pourquoi les taxes sur le gazole augmentent désormais plus vite que celles sur l’essence. Ainsi, en 2018, la fiscalité a bondi de 7,6 centimes sur le gazole et de 3,9 centimes pour l’essence.
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D’autres hausses à venir
Les mêmes mouvements sont appelés à se poursuivre les années prochaines. En effet, le prix de la tonne de carbone retenu comme base de calcul pour la TICPE va continuer de grimper jusqu’en 2022. À cette date, il devrait atteindre 86,2 € par tonne de carbone, près du double du prix actuel.
Dans le même temps, l’alignement du diesel sur l’essence continue. Les effets conjugués de ces politiques devraient conduire à une nouvelle forte augmentation des taxes en 2019. Sauf surprise dans le prochain budget, la hausse devrait atteindre au moins 6 centimes du litre pour le diesel et autour de 3 centimes pour l’essence.
23)Artus - Pourquoi la situation économique de la France pourrait empirer
Selon l'économiste de Natixis, il est impératif que les réformes redressent rapidement le taux d'emploi et la croissance potentielle de long terme.
Par Patrick ArtusSi l’effet des réformes était faible ou tardif, alors il faudrait s’inquiéter des perspectives pour l’économie française.
On espère bien sûr que les réformes nombreuses mises en place pourront augmenter le taux d'emploi et la croissance potentielle de la France dans quelques années. Mais si l'effet des réformes était faible ou tardif, alors il faudrait s'inquiéter des perspectives pour l'économie française.
L'évolution des difficultés d'embauche montre que le taux de chômage structurel (incompressible) est élevé, et que la croissance va revenir vers le niveau faible de la croissance potentielle (de long terme). L'offre domestique de biens et services reste peu réactive, ce qui résulte des problèmes de faible modernisation des entreprises, de faiblesse des compétences de la population active ; de dégradation de la compétitivité-coût, et peut conduire à une forte dégradation du commerce extérieur de la France, avant que les réformes n'aient eu le temps d'agir. Enfin, si la croissance potentielle reste faible, compte tenu des politiques mises en place, le déficit public de la France va redevenir élevé, forçant probablement à mettre en place une politique budgétaire nettement restrictive.
Situation difficile
Hors effets des réformes, l'économie française pourrait donc être caractérisée, en 2020-2021, par une croissance faible, un déficit extérieur élevé et la nécessité de l'austérité budgétaire. Tout l'espoir réside donc dans l'efficacité des réformes dans quelques années. La France est caractérisée aujourd'hui par un taux d'emploi (proportion de la population en âge de travailler qui a un emploi) faible (65 %, contre 75 % environ au Royaume-Uni, en Allemagne, au Japon, en Suède), par une croissance potentielle de long terme faible (autour de 1 %).
On peut bien sûr espérer que les réformes mises en place ou qui vont l'être (fiscalité, formation professionnelle, apprentissage, éducation, règles du marché du travail, retraites…) auront, dans quelques années, l'effet de redresser le taux d'emploi et la croissance potentielle. Mais nous voulons montrer ici que, si les réformes n'avaient pas cet effet, la situation de la France pourrait être difficile dans quelques années.
Trois questions
La première question est celle du retour de la croissance vers la croissance potentielle faible. Le niveau de la croissance potentielle est faible (1 % par an) en France en raison de la faiblesse des gains de productivité, malgré l'augmentation de l'âge de la retraite qui soutient la population active. On voit aujourd'hui le niveau de plus en plus élevé des difficultés d'embauche (qui sont plus fortes qu'en 1999 ou en 2007), ce qui signifie que le taux de chômage structurel (incompressible sans réformes structurelles) est élevé et que le taux de croissance va assez vite converger vers le niveau faible de la croissance potentielle (1 %). On pourrait donc, à partir de 2019, avoir en France une croissance de l'ordre de 1 % par an seulement.
La seconde question est celle de la dégradation du commerce extérieur. L'offre domestique de biens et services est peu réactive en France, répond peu aux hausses de la demande (ce qu'on voit bien dans la période récente : du 1er trimestre 2014 au 1er trimestre 2018, la demande totale a progressé de 6 %, le PIB de 8 % et les importations de 18 %), ce qui résulte d'un ensemble de facteurs (faiblesse des compétences de la population active, faiblesse de la modernisation du capital des entreprises, niveau élevé des coûts de production). Cette inertie de la production domestique de biens et services en France conduit à la tendance à la dégradation du commerce extérieur. Le score PIAAC (enquête de l'OCDE sur les compétences de la population active) de la France la place tout en bas des pays examinés ; le nombre de robots industriels par salarié est plus de deux fois plus faible en France qu'au Japon ou en Allemagne, le coût salarial unitaire de l'industrie est 20 % plus élevé qu'en Allemagne. On peut donc craindre en 2020-2021 un déficit extérieur très important de la France, peut-être de 2 à 3 points de PIB (plus si le prix du pétrole continue à monter).
La troisième question est celle de la dégradation des finances publiques. Si la croissance de la France revient vers la croissance potentielle, le déficit budgétaire cyclique (la partie du déficit public que le retour au plein emploi fait disparaître) ne va plus s'améliorer. Compte tenu des décisions prises en matière de fiscalité et de dépenses publiques, le déficit public de la France en 2021, en l'absence de nouvelles mesures, pourrait atteindre 4 % du PIB. Il faudrait bien alors réduire de 80 milliards d'euros les dépenses publiques pour ramener le déficit public au niveau compatible avec les engagements européens de la France, ce qui aurait évidemment un effet très négatif sur l'activité.
Voyants au rouge
Sans efficacité des réformes, la situation économique sera donc difficile en France dans 2 ou 3 ans. L'objectif des réformes en France est bien sûr d'accroître le niveau du PIB potentiel (en augmentant le taux d'emploi) et la croissance potentielle. Mais si les réformes se révèlent être peu efficaces, dans 2 ou 3 ans : la croissance sera faible (au mieux égale à la croissance potentielle, 1,2 % par an environ) ; le déficit extérieur sera important (environ 2 à 3 % du PIB) avec l'inertie de la production domestique ; le déficit public sera élevé (environ 4 % du PIB) avec la faiblesse de la croissance et les baisses d'impôts, s'il n'y a pas de réduction importante des dépenses publiques.
On pourrait donc bien, si les réformes n'atteignent pas leur objectif, avoir une situation très difficile en France en 2021-2022.
22)Ce qu’ont déjà changé les ordonnances travail
Les entreprises commencent à s’approprier les principes des ordonnances.
L’application des ordonnances implique un effort de dialogue à l’échelle des entreprises. / boonchok-stock.adobe.com
C’était il y a six mois déjà. Conformément à ses promesses de campagne, Emmanuel Macron faisait adopter par ordonnances sa réforme du Code du travail. L’objectif affiché était d’assouplir les règles pour les entreprises, en passant notamment par une refonte de la représentation des salariés, l’instauration d’un barème et le plafonnement des indemnités aux Prud’hommes, la possibilité de négocier des accords d’entreprise l’emportant sur les accords de branche, ou encore la création d’une procédure de ruptures conventionnelles collectives.
Les nouvelles règles sont toutes entrées en application au 1er janvier. Trois mois après, « il est encore un peu tôt pour faire un bilan », estime Stéphane Béal, avocat spécialisé en droit des affaires au cabinet Fidal. Un Comité d’évaluation des ordonnances – dont il fait partie – sera lancé dans les semaines à venir et mènera une première enquête auprès des entreprises sur la manière dont elles se sont approprié les nouvelles règles.
Les implications du Comité social et économique
Le point des ordonnances qui entraîne les premières retombées concrètes porte sur la création, dans les entreprises de plus de 50 salariés, d’un Comité social et économique (CSE), regroupant le comité d’entreprise (CE), le CHSCT et les délégués du personnel. « C’est le sujet qui a le plus d’implications à court terme, sur lequel nous avons beaucoup de demandes de la part de nos clients », indique l’avocat. Les premières élections pour ces nouvelles instances auront lieu prochainement dans quelques entreprises. Toutes doivent avoir créé un CSE d’ici au début de l’année prochaine.
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En revanche, les effets de l’adoption d’accords d’entreprise sont encore peu visibles. Le nouveau Code du travail permet aux dirigeants de prendre, en accord avec leurs salariés, des décisions sur les primes, les délais de préavis ou les indemnités conventionnelles de licenciement, avec la possibilité de déroger aux règles définies par les conventions collectives. « Pour les entreprises, qui globalement vont mieux avec le retour de la croissance, il est compliqué de remettre en question des avantages liés aux accords de branche », analyse Roger Koskas, avocat spécialisé en droit social. Mais il prédit que de tels accords pourraient voir le jour lors de fusions d’entreprises, les conditions sociales étant fréquemment réexaminées à ce moment-là.
Saisines des Prud’hommes en baisse
La possibilité, offerte par les ordonnances, de procéder à des ruptures conventionnelles collectives, a, elle aussi, été peu utilisée. Engagée par le groupe Peugeot-Citroën, IBM et Kiabi, la procédure a abouti dans les deux premiers cas. « Ces procédures étaient déjà lancées, sous une autre forme. On ne peut pas dire que l’existence de cette nouvelle procédure a poussé des entreprises à se séparer d’une partie de leur personnel », juge Stéphane Béal.
Du côté des Prud’hommes, la loi semble en revanche avoir produit des effets. Le nombre de saisines avait déjà ralenti ces dernières années avec la multiplication de ruptures conventionnelles et l’application d’une nouvelle règle, en mai 2017, qui oblige les salariés à détailler leurs plaintes. La barémisation et le plafonnement des indemnités accentuent cette tendance, en poussant salariés et patrons à négocier avant de passer devant les juges. « Les ordonnances engagent le droit du travail dans une forme d’automaticité », estime Roger Koskas, qui met en garde contre une « banalisation de l’acte de licencier ».
Un climat favorable à la reprise
Globalement, l’application des ordonnances implique un effort de dialogue à l’échelle des entreprises. « Les ordonnances exigent un changement de culture, notamment dans les PME familiales, en faveur d’une meilleure diffusion de l’information. Elles contraignent aussi les syndicats à sortir de postures parfois dogmatiques », résume Stéphane Béal.
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Quoi qu’il en soit, le nouveau Code du travail a participé à un climat favorable à la reprise, jugent les chefs d’entreprise. « Le président de la République a présenté un programme pragmatique. Et il l’applique, juge Pierre Gattaz, le président du Medef. Les investisseurs et les chefs d’entreprise ont de nouveau confiance. »
21)Emmanuel Faber : « Chez Danone, une personne, une voix, une action »
TRIBUNE - Emmanuel Faber, PDG de Danone, explique son intention de donner aux salariés du groupe le pouvoir de participer pleinement à la construction de cet avenir
Le PDG de Danone, Emmanuel Faber, lors de la présentation des résultats annuels du groupe Danone. / Nicolas Kovarik / IP3 Press / Maxppp
L’Assemblée Générale des Actionnaires 2018, qui s'est tenue à Paris, vient de s’achever. C'est la première que j’ai eu l'honneur de présider, succédant à Franck Riboud qui a été notre Président pendant de nombreuses années.
Cette AG a été un véritable succès, à de nombreux égards. Sur la base de nos bons résultats en 2017, le dividende versé à nos actionnaires sera en hausse de 12% cette année. Et nos actionnaires, que je remercie de leur soutien, ont approuvé à plus de 95% en moyenne la nomination des nouveaux administrateurs que nous leur avons proposés et qui renforcent davantage notre gouvernance.
Emmanuel Faber, un manager sur une ligne de crête
Cela étant dit, c’est pour une toute autre raison que cette Assemblée Générale restera une étape majeure dans l'histoire de Danone.
Partout dans le monde, les pratiques alimentaires se réinventent, avec le plaisir et les modes de sociabilisation qu’elles induisent. Pour nous, l’alimentation n'est ni un bien de consommation, ni une « commodité ». Elle est un bien précieux, riche de sa diversité, pour chacun. Ce point de vue façonne notre offre de produits. Il façonne la manière dont nos marques interagissent et dialoguent avec leurs communautés. Il façonne notre culture d'entreprise et nos pratiques, avec l’ambition de favoriser des habitudes alimentaires plus saines et plus durables. Pour l’exprimer de manière simple, nous avons adopté une bannière de ralliement dans cette révolution de l’alimentation : ‘One Planet. One Health’ / Une seule planète, indivisible. Une seule et même santé pour tous. Co-dépendantes l’une de l’autre.
Pour poursuivre notre action au-delà de notre horizon 2020, nous avons à présent défini un ensemble de 9 objectifs à long terme, pour nous donner une longueur de vue et nous servir de guide dans la révolution de nos métiers. Ils traduisent notre raison d’être, c’est-à-dire notre métier d’entreprise, notre modèle de marques et la place centrale que nous faisons à la confiance, et ils portent les engagements suivants : nous innoverons sans cesse pour redonner tout son plaisir à l’alimentation et pour générer une croissance rentable en tant que B Corp ; nous développerons des marques engagées pour protéger et nourrir à la fois la santé humaine et celle de la planète ; nous confierons le futur à nos salariés et nous fédérerons autour de nous pour promouvoir une croissance inclusive.
C’est donc aujourd’hui que nous avons partagé pour la première fois nos Objectifs Danone 2030 avec nos actionnaires.
Mais pour moi, l’annonce la plus importante de notre Assemblée Générale est notre intention de donner aux salariés de Danone le pouvoir de participer pleinement à la construction de cet avenir ; notre décision de confier à nos équipes la mission d’aller chercher notre futur, de le créer et de se l’approprier, grâce à un modèle de gouvernance radicalement nouveau.
En effet l’acte fondateur au service de ces Objectifs est « Une personne, une voix, une action », un programme d'engagement interne et un modèle de gouvernance inédits permettant à nos 100 000 salariés de participer à l’agenda stratégique de l’entreprise et à la construction de la feuille de route des Objectifs 2030.
Une personne, une voix
D'ici la fin de l’année, nous déploierons auprès de chacune et chacun de nos 100 000 employés des modules de formation approfondie aux enjeux de nos Objectifs et de notre vision ‘One Planet. One Health’. Tous les salariés de Danone pourront alors apporter leur voix et échanger sur les enjeux clés liés à leur activité au niveau local, comme par exemple : Comment mieux cerner l’évolution des habitudes alimentaires ? Compte-tenu des régimes alimentaires locaux, notre programme de réduction de sucre est-il suffisamment ambitieux et quelles recettes de produits locaux doivent être retravaillées en priorité ? Comment pouvons-nous mieux interagir avec nos grands clients sur le terrain de la santé ? Comment mettre en œuvre localement une économie circulaire des emballages ? Pourquoi cela prend-il autant de temps ? Avec qui pourrions-nous nous associer pour aller plus vite ? Comment devrions-nous intégrer la technologie numérique dans nos opérations ? La blockchain est-elle une solution dans notre pays ? Comment pratiquer l'agriculture régénératrice dans l'écosystème naturel local ? Les gens comprennent-ils bien ce que B Corp signifie ?
D’ici la fin de l'année, les discussions sur toutes ces questions importantes, et beaucoup d'autres, seront intégrées dans un dispositif local permettant à tous nos employés de donner leur avis. Début 2019, grâce à nos plateformes digitales, nous réunirons toutes ces voix dans une feuille de route globale de nos Objectifs Danone 2030.
Je suis convaincu que cette gouvernance participative sera un incroyable avantage concurrentiel pour maîtriser collectivement les nouveaux paradigmes ; nous voulons en faire un processus continu dans le déroulé du plan stratégique de l’entreprise et nous voulons créer un lien entre ce processus et notre Conseil d'administration, afin d’en exploiter toute la richesse et de reconnaître son importance au sein de la gouvernance de Danone.
Une personne, une action
Nous croyons également que la meilleure façon d'aligner les intérêts de tous au service du temps long est de conférer à chaque salarié le statut de salarié actionnaire de l’entreprise. L’année prochaine, au plus tard, chacune et chacun d'eux se verra attribuer une action Danone, assortie d’un mécanisme d’intéressement fondé sur un multiplicateur du dividende annuel versé à nos actionnaires. De plus, un dispositif mondial comparable à celui de notre Fonds Commun de Placement Entreprise en France, permettant aux salariés d'acheter des actions Danone à prix préférentiel, sera graduellement mis en place.
Une personne, une voix, une action : confions le futur à nos salariés !
Partout dans le monde, c’est l'aspiration croissante d'une nouvelle génération toute entière, de jeunes ou moins jeunes : maîtriser le cours de ma vie, ne mettre mon talent et mon énergie qu’au service d’une aventure professionnelle qui a du sens pour moi.
Au cours des deux derniers mois, j’ai eu l’occasion d’en discuter avec nos équipes à Mexico, à Irapuato, à Londres, Trowbridge, Amsterdam, Paris, New-York et Barcelone. Nos salariés partagent cette même grande aspiration, de prendre leur avenir en main, de s’approprier l'avenir de Danone ; de travailler pour une entreprise qui le permet, mais qui mieux encore, en fait un élément central de son modèle de gouvernance.
Ils appartiennent à la génération food que nous aspirons à servir en tant qu'entreprise, avec notre vision ‘One Planet. One Health’ et nos Objectifs 2030.
Alors, qui mieux que chacune et chacun des salariés de Danone peut faire de cette ambition une réalité ? En intégrant la complexité de la révolution de l’alimentation dans nos discussions, en expliquant de manière transparente que nous savons bien faire un certain nombre de choses et pourquoi nous ne savons pas encore comment nous améliorer sur d’autres. En étant les véritables acteurs de la révolution de l’alimentation, avec un mélange d'imperfections et de vraies réussites. En inventant de nouvelles voies qui font de nous, chez Danone, une communauté qui a du sens, utile, multiculturelle, multinationale, constituée de personnes diverses qui, ensemble -- par tâtonnements, revers et succès -- partagent une même passion, celle de co-créer un nouvel avenir : ‘One Planet. One Health’.
20)Après la grève à la SNCF, les discussions reprennent
Alors que le débat sur la réforme ferroviaire débute lundi 9 avril en séance publique à l’Assemblée nationale, plusieurs cadres de discussion existent entre direction, syndicats et gouvernement.
La négociation d’une convention collective apparaît primordiale pour les syndicats.
Des responsables syndicaux de la SNCF lors d’une rencontre avec la ministre des transports, le 19 février. / Christophe Morin/IP3/MaxPPP
Entre deux tours de grève, on se rassoit autour de la table. Jeudi 5 avril, les discussions sur la loi de réforme ferroviaire ont repris au ministère des transports entre le gouvernement, les organisations syndicales de cheminots et l’Union des transports publics et ferroviaires (UTP, la fédération patronale des entreprises de transport, dont la SNCF).
La question de l’ouverture à la concurrence est encore à l’ordre du jour, avec de nombreux points à régler. Le temps presse : elles doivent nourrir le débat dans l’hémicycle qui commence lundi 9 avril à l’Assemblée nationale. « Le gouvernement veut un transfert des cheminots de la SNCF à un concurrent, si ce dernier a gagné l’appel d’offres lancé par une région pour l’exploitation d’une ligne où ils travaillent. Mais que se passera-t-il, par exemple, pour les agents SNCF qui refuseraient ? », indique une source proche du dossier.
Des « éclaircissements d’un point de vue social » attendus
La question d’un droit de retour se pose aussi, affirme Gilles Dansart, directeur du site Mobilettre et spécialiste du ferroviaire. « Si un conducteur de TER veut évoluer professionnellement et se mettre aux commandes d’un TGV, pourra-t-il revenir à la SNCF si le concurrent qui l’a récupéré n’exploite pas de trains à grande vitesse ? demande-t-il. L’ouverture à la concurrence exige encore d’importants éclaircissements d’un point de vue social. »
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La faramineuse dette de 50 milliards d’euros est aussi à l’ordre du jour des discussions. Cette épée de Damoclès financière justifie en grande partie la volonté de transformer le statut juridique de l’entreprise, pour en faire une société nationale à capitaux publics. Une manière de limiter ses capacités d’endettement, selon le gouvernement ; les prémisses d’une privatisation pour les syndicats. Quoi qu’il en soit, le premier ministre Édouard Philippe a expliqué jeudi 5 avril sur France Inter qu’il était « ouvert » à l’idée d’une reprise de la dette, mais « en contrepartie d’engagements extrêmement clairs, extrêmement fermes, et qui transforment le fonctionnement opérationnel de l’entreprise ».
Branche ferroviaire, l’une des clés du conflit ?
De fait, si la lumière des médias est braquée sur le ministère des transports, des négociations se déroulent aussi ailleurs, et d’abord au siège de la SNCF. Le gouvernement a exigé de l’entreprise ferroviaire un plan de modernisation pour la rendre plus efficace. Un espace de concertation a donc été lancé avec les partenaires sociaux concernant notamment l’organisation managériale, l’organisation du travail ou encore la modernisation du statut des cheminots…
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Mais l’une des clés du conflit se trouve peut-être dans les discussions qui se tiennent au niveau de la branche ferroviaire. Depuis décembre 2013, l’UTP négocie avec les organisations syndicales une convention collective qui s’appliquera à tous les salariés du secteur, qu’ils travaillent à la SNCF ou pour l’un de ses concurrents. « Jusqu’ici, plusieurs volets ont été conclus comme la durée et l’organisation du travail ou la formation professionnelle », dit Claude Faucher, délégué général de la fédération patronale.
Mais plusieurs points restent à négocier, et non des moindres, selon lui : la classification des métiers et les rémunérations minimales de branche, le volet prévoyance (santé, invalidité) ou les droits syndicaux.
« Les conditions d’emploi de milliers de cheminots vont dépendre de la branche »
Problème : les discussions sur ces dossiers ont été suspendues en attendant la promulgation de la loi de réforme ferroviaire. « Les branches participent, depuis leur origine au XIXe siècle, à la régulation de la concurrence, insiste Claude Faucher. Il n’est pas anormal d’attendre les éléments de la loi de réforme ferroviaire pour les prendre en compte dans les négociations avec les partenaires sociaux. »
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Or, selon le secrétaire général de la CFDT Cheminots, Didier Aubert, cette convention collective est primordiale alors que s’annonce la fin du recrutement au statut. « Les conditions d’emploi de milliers de cheminots vont dépendre de la branche », affirme le syndicaliste.
De son côté, Gilles Dansart estime que le gouvernement, trop peu préparé face aux aspects sociaux de sa réforme, n’aurait jamais dû s’attaquer au statut avant la conclusion de l’accord de branche. « Or cela peut prendre encore beaucoup de temps, dit-il, alors que les syndicats vont exiger des assurances afin que la convention collective se rapproche le plus possible du statut ».
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La dette SNCF a doublé en 20 ans
La dette de la SNCF, qui dépasse 50 milliards d’euros, est portée par deux établissements :
SNCF Réseau (ex-Réseau ferré de France), chargé de maintenir et de gérer l’infrastructure, a accumulé une dette 46,6 milliards d’euros. Un montant à mettre en rapport avec le chiffre d’affaires annuel de moins de 7 milliards d’euros. Cet endettement s’accroît chaque année de 2 à 3 milliards d’euros. À la création de Réseau ferré de France, en 1997, la dette se montait à un peu plus de 20 milliards d’euros.
SNCF Mobilités, l’établissement public qui transporte les voyageurs et les marchandises, porte une dette de près de 8 milliards d’euros, jugée soutenable.
19)Grève à la SNCF. Les raisons de la colère
Publié le 04 avril 2018 à 00h00 Modifié le 04 avril 2018 à 09h0 Des gares fantomatiques à certains moments de la journée, totalement bondées à d'autres (ci-dessus la gare de Lyon, à Paris)... La première journée de grève à la SNCF a donné lieu à des situations très contrastées pour les voyageurs.Avec un TGV sur huit en moyenne et un train régional sur cinq, les cheminots ont donné le ton, mardi, de la mobilisation contre la réforme de la SNCF. Le gouvernement, qui s'attend à «des jours difficiles» pour les usagers, affirme vouloir mener à son terme une mutation qui touche à de multiples facettes de l'entreprise publique.
1. La structure de la SNCF. La SNCF est actuellement composée de trois établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic) : SNCF (la direction), SNCF Mobilités (les trains) et SNCF Réseau (les rails). Le gouvernement a l'intention de la transformer en une « société nationale à capitaux publics » - dont les titres seraient incessibles -, plus intégrée.
Le statut actuel assure, en effet, une garantie illimitée de l'État, ce qui est jugé incompatible avec l'ouverture à la concurrence pour SNCF Mobilités et déresponsabiliserait SNCF Réseau, dont la dette peut s'envoler sans contrôle.
Le modèle mis en avant est celui de la Deutsche Bahn allemande, approuvé par les autorités européennes. Celle-ci est composée d'une holding chapeautant plusieurs filiales spécialisées dans différentes activités. Le sort des gares au sein du futur ensemble fait débat : toujours avec les trains dans SNCF Mobilités (comme actuellement), rattachées à SNCF Réseau, ou autonomes ?
2. Le problème de la dette. La dette de SNCF Réseau atteignait 46,6 milliards d'euros, fin 2017, et elle devrait dépasser les 62 milliards, en 2026. Sur la reprise de tout ou partie de ce fardeau largement hérité de la construction des lignes à grande vitesse, le Premier ministre, Édouard Philippe, est resté très vague : « L'État prendra sa part de responsabilités avant la fin du quinquennat pour assurer la viabilité économique du système ferroviaire », a-t-il dit en présentant sa réforme, en février. La SNCF est priée de devenir plus performante en attendant.
3. Les dates de l'ouverture à la concurrence. Le sujet fait partie des discussions en cours mais la ministre des Transports, Elisabeth Borne, a précisé, vendredi, le calendrier de l'ouverture progressive à la concurrence. Seules les régions seront concernées dans un premier temps, à l'exception de l'Ile-de-France. Elles pourront organiser des appels d'offres, à partir de décembre 2019, mais aussi continuer d'attribuer directement des contrats à la SNCF jusque fin 2023, pour une durée maximale de dix ans. L'ouverture sera étendue aux TGV à partir de décembre 2020.
En Ile-de-France, IDF Mobilités aura le même choix pour les nouvelles lignes créées entre 2019 et 2023. Les autres lignes, hors RER, pourront être progressivement ouvertes entre 2023 et 2033. Les RER entreront dans la concurrence encore plus tard, à partir de 2033 (lignes C, D et E) ou 2039 (A et B).
4. Les modalités de l'ouverture à la concurrence. La concertation devra définir sous quelles conditions les cheminots passeront d'une entreprise ferroviaire à l'autre, notamment en cas de perte de contrat par la SNCF, ce qu'on appelle le « sac-à-dos social ». Vendredi, Élisabeth Borne a précisé que les salariés bénéficieront d'une « portabilité des droits », sans limite de durée : ils conserveront leur niveau de rémunération, ainsi que le régime spécial de retraite et la garantie de l'emploi pour les employés ayant été embauchés au statut. Les autres conditions, telles que le temps de travail, les facilités de circulation ou l'accès aux médecins spécialisés, relèveront des accords de branches.
5. La fin du statut de cheminot. Parmi les lourdeurs qui handicapent la SNCF, selon le gouvernement, figure le statut des cheminots. Particulièrement protecteur mais rigide, il représenterait, selon la direction, le tiers des 30 % de surcoût par rapport à ses concurrents. Il concerne actuellement 131.000 personnes, sur 147.000 employés de la SNCF. Le gouvernement veut éteindre progressivement ce statut. À partir d'une date qui reste à préciser, les nouvelles recrues seront embauchées dans un cadre contractuel qui reste également à négocier.
6. L'organisation interne de la SNCF. Le gouvernement exige de la SNCF qu'elle soit plus efficace, et les dirigeants du groupe public devront lui présenter, avant l'été, un « projet stratégique », afin, notamment, d'« aligner ses coûts sur les standards européens ». Le patron de la SNCF, Guillaume Pepy, a indiqué qu'il comptait négocier avec ses troupes un « pacte d'entreprise », à l'image de La Poste. Il compte investir dans la formation et le numérique, veut des métiers moins cloisonnés, une organisation du travail plus souple - notamment au plan local -, une plus grande productivité industrielle, une décentralisation du dialogue social et, in fine, une réduction des coûts.
© Le Télégramme
18)La cagnotte et la dette
Les bons résultats obtenus en matière de croissance, d’emploi et de redressement budgétaire ont incité l’opinion et l’opposition à réclamer une redistribution d’argent, celui d’une prétendue « cagnotte », en direction des contribuables. Le gouvernement s’y oppose fermement. Voici pourquoi.
LES STATISTIQUES de 2017 montrent un basculement positif de l’économie française : la bonne croissance de l’année écoulée (+ 2 %), la baisse à 2,6 %, donc largement au dessous des 3 % des déficits publics confondus, permettent à la France d’envisager un avenir meilleur, avec le retour à l’emploi et aux équilibres fondamentaux, même s’il est admis que la croissance en 2018 et 2019 ne sera pas aussi forte qu’en 2017. La gauche attribue les sources de ce basculement aux efforts entrepris par les gouvernements de François Hollande. Mais il nous semble juste de dire aussi que l’élection d’Emmanuel Macron a créé un choc de confiance dans les entreprises qui se sont remises à investir.
Une dette de 2 218 milliards.
Une chose est sûre en tout cas : aucun des facteurs de ce retour progressif à l’équilibre ne doit être ignoré et, parmi ces facteurs, il y a nécessairement la hausse de la CSG qui a été compensée par une baisse des cotisations pour les salariés mais pas pour les retraités, qui se plaignent amèrement d’être les dindons de la farce. Le gouvernement clame qu’il a obtenu ses bons résultats sans augmenter les impôts. C’est discutable. Les dépenses publiques se sont certes stabilisées, mais au niveau excessif de 56,6 % du produit intérieur brut (PIB) et le taux de prélèvements obligatoires atteint un sommet situé à 45,4 du même PIB. Ce qui veut dire, grosso modo, que, lorsque vous avez un revenu de 100, vous ne donnez pas loin de la moitié au fisc sous des formes diverses : impôt sur le revenu, TVA, cotisations, taxes et contributions directes ou indirectes. Par ailleurs, la dette nationale ne cesse d’augmenter. En un an, elle est passée de 96,6 % du PIB à 97 %, soit 2 218 milliards. Et nous continuons à emprunter quelque 200 milliards par an. Pourquoi continuons-nous à emprunter ? Une partie des emprunts de l’année sert à payer les intérêts, le reste finance des emprunts arrivés à maturation et dont il faut rembourser le capital. C’est assez dire que la dette constitue un cycle infernal auquel nous ne pouvons échapper qu’en équilibrant notre budget.
Le premier constat, c’est qu’une « cagnotte » ne peut pas exister lorsqu’un pays a une telle somme à rembourser. Le deuxième est que les pouvoirs publics ont réduit le déficit budgétaire non pas en diminuant la dépense mais grâce à la croissance et aux créations d’emplois, ce qui a eu un double effet : d’une part la hausse du PIB a réduit arithmétiquement le montant de la dette, d’autre part, les bonnes rentrées fiscales ont apporté leur contribution. Il y a tout un débat sur la nature de la dette, et surtout sur la nécessité de la rembourser ou de l’ignorer. Pour l’ignorer, il faudrait qu’elle soit au moins stabilisée. Or son volume dépend de la croissance, qui peut fléchir, et des taux d’intérêt qui, eux, vont probablement augmenter dans les mois qui viennent. Un point de taux en plus et ce sont 22 milliards supplémentaires qu’il faudra rembourser, la moitié du budget de l’Education nationale. Actuellement, la France emprunte sur les marchés à un taux qui tourne autour de 1 %, qui, rapidement, pourrait doubler en moins d’un an.
Une saine comptabilité.
Le troisième constat, c’est que toute somme affectée à l’emprunt ou à la dette, est retirée des montants attribués aux investissements. L’argent que l’on rembourse, c’est par définition celui qui ne sert pas au développement des écoles, des routes ou des hôpitaux. De toutes parts, collectivités locales, secteur hospitalier, établissements pour personnes âgées, fonction publique, montent les appels à des investissements et à des embauches. Et il est incontestable qu’il est plus facile de supprimer des postes de travail sur le papier que dans la réalité. D’une part, nous ne pouvons pas sabrer dans les secteurs essentiels, comme l’éducation, les structures sanitaires, la sécurité. D’autre part, nous ne retrouverons une marge d’investissement que si notre économie n’est pas étranglée par la dette. Ce n’est pas l’Europe qui crée ce dilemme, comme l’extrême droite et l’extrême gauche ne cessent de nous le ressasser. C’est la vérité implacable d’une saine comptabilité.
Le gouvernement se lance maintenant dans un vaste effort de réduction de la fraude fiscale qui atteindrait 60 milliards par an. On lui souhaite bon courage, car ses prédécesseurs n’ont réussi, au terme d’enquêtes très pointues, qu’à récupérer quelques milliards auprès des foyers qui avaient fait des placements à l’étranger sans les déclarer. C’est du côté des entreprises, non des particuliers, qu’il faut aller chercher les responsables de la fraude. Travail d’entomologiste.
17) Les chiffres du déficit français à la loupe
L’Insee a publié, lundi 26 mars 2018, les chiffres du déficit et de la dette française. Indicateurs toujours très attendus, ils se révèlent meilleurs que les anticipations estimées. En 2017, le déficit de la France s’est établi à 2,6 % du PIB, repassant sous la barre des 3 %, objectif fixé par l’Union européenne. La dette, elle, grimpe à 97 % du PIB.
Aux dires de certains eurosceptiques, la barre paraissait inatteignable. Mais l’Insee a révélé lundi 26 mars que le déficit français pour 2017 s’est établi à 2,6 % du PIB, soit moins que la fameuse « règle d’or » fixée par Bruxelles des 3 %.
Déficit, la France passe sous la barre des 3 %
« C’est une bonne nouvelle », s’est réjoui le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire. « Mais elle n’est pas synonyme de fin des efforts de redressement de nos comptes : un déficit reste un déficit », a-t-il ajouté, écartant ainsi tout triomphalisme.
Sous la barre des 3 %, une première depuis la crise
Cela faisait dix ans que la France n’était pas repassée sous la barre des 3 %. La dernière fois, c’était en 2007, une date symbolique puisqu’elle représente le début de la crise financière et du dérapage des déficits publics provoqué par la volonté d’endiguer le fort ralentissement de la croissance en 2008 et 2009.
À y regarder de plus près, cependant, les dépenses ont continué à progresser. Si la situation s’améliore, c’est grâce à une envolée des recettes en 2017.
Des recettes en hausse qui cachent des dépenses qui grimpent en flèche
En effet, en 2017, les dépenses publiques ont grimpé de 2,5 %, pour s’établir à 1 292 milliards d’euros. En 2016, les dépenses n’avaient progressé que de 1 % par rapport à 2015. Le pays ne s’est donc pas vraiment serré la ceinture. Les dépenses en pourcentages du PIB, sont même stables, à 56,5 %, alors même que le PIB a augmenté de 2 % en 2017 selon l’Insee.
La hausse des dépenses a été compensée par la hausse des recettes, due à une embellie économique d’ampleur. Ainsi, en 2017, l’État a enregistré une hausse de 4 % de ses recettes, avec un taux de prélèvement obligatoire sensiblement égal à celui de 2016.
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La France devra d’ailleurs compter sur une bonne croissance économique en 2018, pour maintenir ces recettes à un haut niveau afin d’atteindre l’objectif de 3 % pour la seconde année consécutive et ainsi sortir des procédures bruxelloises pour déficit excessif.
La dette continue d’augmenter
En ce qui concerne la dette, elle continue d’augmenter et s’établit à 97 % du PIB. Même si la tendance est au ralentissement et devrait permettre d’éviter de dépasser le seuil fatidique des 100 %, l’objectif européen des 60 % semble, lui, un lointain mirage.
Seuls quelques pays de l’Union le respectent d’ailleurs, comme la Suède, la République tchèque ou l’Estonie. D’autres pays s’en rapprochent, comme l’Allemagne qui table sur sa capacité de financement pour réduire sa dette.
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16)Lassitude syndicale
Le meilleur atout pour le gouvernement, c’est la combativité réduite des syndicats. Face à la réforme de la SNCF, pour ne prendre que cet exemple, ils n’ont pas été capables d’annoncer une action unitaire.
LA PREMIERE raison de leur apparent désarroi, c’est le changement d’époque. Nous ne sommes plus en 1995 et rien ne garantit aux syndicats, très remontés au sujet du recours aux ordonnances par le gouvernement, que l’opinion les suivra s’ils déclenchent une grève reconductible susceptible de paralyser le pays. Mais le plus important, c’est que le contenu de la réforme n’est pas aussi draconien qu’ils le prétendent. Il existe notamment un environnement européen qui fait que nous sommes le dernier pays de l’Union à passer d’un secteur ferroviaire public à un secteur privé. L’Allemagne, l’Italie, l’Espagne l’ont déjà fait. Dans un mouvement socio-économique qui ignore les frontières intra-européennes, nous avons pris un retard considérable.
Des points positifs.
Les petites lignes ne seront pas supprimées, ce qui devrait soulager nombre de collectivités locales. Le statut de cheminot ne change pas pour ceux qui en bénéficient aujourd’hui, il ne sera transformé que pour les nouvelles embauches. La dette d’une cinquantaine de milliards accumulée par la SNCF sera inscrite dans la dette nationale. Les pouvoirs publics ont donc évité la ou les mesures iniques qui auraient mobilisé promptement l’ensemble des syndicats, les salariés de la SNCF et, surtout, les usagers. En apparence, le gouvernement affiche sa détermination. Malgré un incontestable baisse de popularité, il a décidé de procéder par ordonnances, mais il justifie ce choix par la nécessité d’aller vite sur les chantiers qu’il a ouverts, qui sont à la fois multiples et vastes, de l’éducation à la formation professionnelle, de la déradicalisation à l’immigration, de la fiscalité à au statut de la Corse. Les acteurs du changement sont eux-mêmes saisis par le vertige de la fameuse « transformation » qui exige un travail considérable, une vigilance de chaque instant et et une stratégie de défense contre les menées des diverses oppositions.
L’impossible recul.
Une forte fraction de mécontents s’inscrit dans la contre-offensive. C’est là que les syndicats auraient pu jouer leur rôle traditionnel. Mais ils n’ignorent pas que l’issue de la bataille est plus qu’incertaine, que la mobilisation des cheminots n’est pas totalement acquise, qu’il existe des différences d’analyse entre les organisations de travailleurs. Même la CGT, qui n’a jamais été tendre quand il s’agit de la réforme du rail, semble se demander, sans le dire, si elle n’a pas intérêt à laisser le pouvoir poursuivre sa réforme dès lors qu’elle peut préserver le statut actuel des cheminots déjà en exercice. Bien entendu, le mot de trop, l’audace excessive de nos dirigeants, les aléas des discussions, régulièrement présentées par le gouvernement comme un lieu de concertation qui ne l’engage pas, dès lors qu’il se juge libre, au terme qu’il fixera lui-même, de trancher dans le sens qui lui convient, peuvent entraîner une crise sérieuse qui menacerait l’architecture fragile du projet. Mais tout montre que l’influence syndicale sur le contenu final du texte sera pour le moins limitée.
Qui peut croire encore que nous pourrions, cette année encore, reculer devant la réforme du réseau ferroviaire ? La France n’est pas une île. L’Union européenne est décidée à livrer le transport ferroviaire à la concurrence. La France ne pourra suivre le mouvement que si elle permet à la SNCF de larguer le lest qui ralentit son développement.
RICHARD LISCIA
15)Vers une refondation de la SNCF
Le rapport de Jean-Cyril Spinetta sur la « refondation » du système ferroviaire français devrait être rendu public prochainement.
La SNCF pourrait connaître les plus importants changements de son histoire. Ouverture à la concurrence, modèle économique des TGV, mais aussi
et surtout statut de l’entreprise comme des
cheminots sont au cœur des débats.
« C’est sans doute la fin d’une époque. Les prochains mois pourraient entraîner les bouleversements les plus profonds des 80 ans d’existence de la SNCF », confie un responsable de l’opérateur public du ferroviaire français.
La raison ? La remise imminente par Jean-Cyril Spinetta au gouvernement de ses préconisations sur l’avenir du train en France. L’ancien patron d’Air France a été missionné en septembre dernier pour réfléchir à une « refondation » du modèle ferroviaire, grâce à une « stratégie d’ensemble ». Son rapport devrait être une des pierres angulaires de la loi d’orientation des mobilités, que le gouvernement présentera en avril.
« C’est un travail digne des travaux d’Hercule, peut-être celui du nettoyage des écuries d’Augias, tant la SNCF est difficile à réformer », dit en souriant Yves Crozet, professeur au Laboratoire aménagement économie transports de l’université de Lyon, qui a rencontré Jean-Cyril Spinetta.
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Car tout est sur la table : les modalités et le calendrier de l’ouverture à la concurrence ; le modèle économique des TGV, dont 70 % des dessertes sont déficitaires ; le sauvetage du fret ; la question cruciale d’une éventuelle reprise par l’État de la dette de SNCF Réseau, qui devrait dépasser les 50 milliards d’euros en 2019…
« Le défi, c’est de savoir comment faire mieux pour moins cher, alors que tout le système est organisé pour que ruisselle l’argent public. Même les élus locaux attendent que l’État finance des infrastructures démesurées, non viables économiquement et qui ne font que creuser la dette, explique Yves Crozet. Or les besoins d’investissements pour le matériel roulant et les infrastructures ne cessent de s’accroître. » Selon lui, un tiers du chiffre d’affaires de la SNCF provient de subventions.
Mais l’État semble déterminé à créer un petit séisme ferroviaire. « Nous demandons à la SNCF d’aller plus loin sur les réformes, le statut, la mobilité, le régime de retraite », avait déclaré Emmanuel Macron à des cheminots en juillet 2017, lors de l’inauguration de la ligne à grande vitesse entre Le Mans et Rennes. En échange, il avait laissé miroiter une reprise de la dette…
Le défi de l’ouverture à la concurrence
Dans le travail de Jean-Cyril Spinetta, une obligation européenne pourrait être la base de bien des réactions en chaîne : l’ouverture à la concurrence du transport de voyageurs sur les lignes intérieures. Déjà mise en œuvre dans d’autres états, comme l’Italie ou l’Allemagne, elle doit impérativement intervenir en France au plus tard fin 2019 pour les TGV et en 2023 pour les trains régionaux.
Certaines régions pourraient cependant se tourner dès 2019 vers le privé pour l’exploitation de leurs TER. Car la bataille du rail se fera surtout à court et moyen terme sur ces trains subventionnés, rentables pour les transporteurs ferroviaires, et non sur la grande vitesse : les rames TER sont la propriété des régions, alors que les TGV doivent être achetés par les opérateurs.
Thierry Mallet, PDG de Transdev, filiale de la Caisse des dépôts, est prêt à relever le gant. « Il y a une large marge pour à la fois faire baisser les coûts sur ces lignes et proposer un meilleur service », dit-il, tout en reconnaissant que « cette évolution sera progressive ». Selon lui, le coût d’exploitation au kilomètre (hors péages) est de 20 € en France contre seulement 10 € sur des réseaux que Transdev exploite en Allemagne.
« Le curseur principal sera l’organisation du travail, peut-être trop rigide à la SNCF, précise Thierry Mallet. Une plus grande polyvalence des tâches des cheminots est sans doute nécessaire. Elle serait en outre plus enrichissante pour ces derniers. »
La SNCF face au défi de la réorganisation
Une remise en cause du statut de la SNCF et des cheminots
L’ouverture à la concurrence pourrait entraîner aussi la modification du statut juridique de la SNCF, devenue établissement public à caractère industriel et commercial (Epic) en 1983. Selon une source proche du dossier, Jean-Cyril Spinetta pourrait préconiser le passage à un statut de société anonyme afin de ne pas encourir les foudres de Bruxelles.
« L’Europe considère que le statut actuel de la SNCF lui permettrait d’emprunter à taux très favorables, car un Epic, lié à un État, ne peut pas faire faillite », explique Arnaud Aymé, du cabinet Sia partners. Avec la fin du monopole, Bruxelles risque fort de juger anticoncurrentiel cet avantage.
Si l’ouverture à la concurrence et le passage au statut de société anonyme agitent les syndicats, l’éventualité d’une remise en cause du statut des cheminots pourrait être « le » détonateur social du printemps. D’autant que les élections professionnelles à la SNCF se dérouleront en novembre prochain.
Rien n’oblige à un tel bouleversement, mais Jean-Cyril Spinetta pourrait évoquer cette piste, à l’image de La Poste, qui a supprimé le statut des postiers pour les nouveaux entrants.
Ce fameux statut régit l’essentiel des garanties collectives : de la rémunération aux conditions de mobilité, de la représentation syndicale au déroulement de carrière…
Parmi les avantages dont bénéficient les cheminots, un cadre cite notamment la garantie de l’emploi à vie et le « glissement vieillesse technicité » (GVT) qui fait évoluer les salaires de manière automatique. « Cela entraîne une augmentation automatique annuelle de la masse salariale de 2,4 % contre 2 % chez les autres opérateurs de transport et 1,5 % dans les grandes entreprises », explique-t-il.
Le statut des cheminots est-il menacé ?
Les syndicats de cheminots inquiets
Même les opérateurs privés sont sensibles à cette question. Car en cas d’appel d’offres perdu par la SNCF sur une ligne régionale, un transfert des personnels vers le nouvel entrant avec tous leurs avantages acquis est l’option la plus probable, selon les professionnels du secteur.
« Nous ne commenterons pas un travail dont le contenu officiel n’est pas encore connu. Mais le rapport Duron sur les infrastructures donne déjà des indications sur la volonté gouvernementale, dit Thierry Nier, secrétaire général adjoint de la CGT Cheminots.
On sent une volonté d’abandonner des milliers de kilomètres de lignes au nom de la rentabilité. On est loin des fondamentaux d’un service public avec l’égalité des territoires. » La CGT avait d’ailleurs appelé à une manifestation jeudi dernier, à laquelle s’étaient joints l’Unsa et FO, mais l’a reportée en raison des conditions climatiques.
« L’année 2018 (…) s’annonce être celle de tous les dangers pour les cheminots », estime de son côté Sud-Rail. Cette inquiétude s’est encore accrue avec des rumeurs récentes, démenties par la direction, d’une filialisation du fret dont les pertes accumulées depuis une dizaine d’années se montent à 4 milliards d’euros.
« Il y aura de fortes réactions parmi les cheminots mais sans doute pas comme en 1995 », estime cependant Bernard Aubin, secrétaire général du syndicat First, qui craint une résignation à force « d’une avalanche de remises en causes sociales ». Le syndicaliste l’admet : la SNCF et le système ferroviaire devraient connaître leur big bang en 2019.
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La SNCF en quelques chiffres
Sur les 260 000 personnes que la SNCF et ses filiales emploient fin 2016 à travers le monde, les activités ferroviaires en France représentent quelque 150 000 personnes. Le statut de cheminot s’applique à 90 % d’entre elles.
Le chiffre d’affaires en France atteint 20 milliards d’euros sur un total de 32 milliards en 2016, tous pays confondus. Les résultats 2017 seront connus fin février. Au premier semestre, la SNCF a enregistré une hausse de 3,7 % de son chiffre d’affaires, à 16,6 milliards d’euros.
La fréquentation des trains en France a progressé de 4,6 % pour les TER (336 millions de voyageurs), de 10 % pour les TGV (110 millions de personnes) et de 10 % pour les trains Intercités (26,6 millions) en 2017.
La dette de SNCF Mobilités (l’opérateur de transport) atteint 7,9 milliards d’euros à fin 2016. Celle de SNCF Réseau (le gestionnaire d’infrastructure) se montait à 44,9 milliards d’euros. Cette dernière croît de 2 à 3 milliards par an.
14)Croissance, heur ou malheur
Non sans triomphalisme, le gouvernement a annoncé que la croissance du produit intérieur brut français (PIB) avait progressé de 1,9 % en 2017. Ce succès, salué et revendiqué par tous, y compris les amis de François Hollande, est accueilli avec une joie publique très éloignée des jugements antérieurs qui mettaient en cause le calcul même de la croissance.
INEXISTANTE ou, en tout cas, très médiocre depuis la crise de 2008, la croissance fait son retour. Il a été précédé de remises en cause pendant près de dix ans. L’analyse critique du PIB a d’abord été soutenue par les défenseurs de l’environnement qui reprochent au mode de calcul actuel (l’addition chiffrée des créations de richesses) de ne pas prendre en compte les atteintes à la planète infligées par le développement économique. Un simple exemple : on ne peut pas dire que l’électricité nucléaire est « propre » et à bon marché si on n’inclut pas la totalité des investissements pour construire les centrales, puis pour les démanteler, puis pour stocker les déchets nucléaires. Argument imparable. D’autres semblent s’être lassés d’attendre une croissance qui n’arrivait pas et en sont venus à croire que les sociétés humaines pouvaient s’en passer : la croissance n’est pas indispensable en soi, ce qui compte, c’est la qualité de vie. Si le chômage est bien rémunéré, si l’air est propre, si on peut vivre avec peu d’argent, on est beaucoup moins dépendant de la croissance. Le problème est que, en France, on n’est jamais parvenu à ce frugal bonheur.
C’est grâce à moi.
Pendant que se poursuit le débat, nos dirigeants, eux, et de quelque bord qu’ils soient, scrutaient l’horizon pour voir si, comme Anne, ils ne voyaient rien venir. L’ayant aperçue l’an dernier qui surgissait au loin dans le nuage de poussière créé par les polémiques, ils ont exprimé bruyamment leur enthousiasme. A tel point que, aujourd’hui, nombreux sont ceux qui estiment en être les responsables. Le gouvernement, bien sûr, qui travaille depuis sept mois, mais aussi les hollandais qui affirment qu’elle résulte des mesures adoptées par l’ancien président, CICE et pacte de compétitivité. On ne sera pas assez mesquin pour les priver de leur satisfaction. On posera d’autres questions : la croissance à 1,9 % est-elle suffisante ? Elle n’a eu qu’un impact très modéré sur l’évolution de l’emploi : nous avons créé 250 000 emplois en 2017, mais huit cent mille personnes se sont présentées sur le marché du travail alors que seulement 660 000 seniors prenaient leur retraite, soit un « surplus » de chômeurs de l’ordre de 140 000. Le taux de chômage n’a donc diminué que de manière insatisfaisante et se situe aujourd’hui à 9,6 %.
Moins que la moyenne européenne.
Autre question : dans l’Union européenne, le PIB a bondi de 2,5 %. Ce qui signifie que, si notre croissance est honorable, elle est tout de même inférieure à la moyenne européenne et que cette différence de 0,6 % nous empêche de retrouver des indices comparables à ceux de l’Union, qu’il s’agisse du commerce extérieur, de l’emploi et du taux d’industrialisation de notre pays, figé à 12% de la production brute alors que, ailleurs , il est de 15 ou 17 %. Bien entendu, nous serions fous de bouder un résultat que nous avons tant espéré. De même que ne sont pas raisonnables ceux qui, désespérant de la croissance, veulent l’ôter des statistiques. Les calculs réalisés chaque année nous offrent une bonne mesure de l’état de santé économique et social de la France. La croissance, certes, n’empêche pas les inégalités et parfois les accroît. L’environnement y est présent par les investissements dans les énergies renouvelables. La croissance n’a de sens que dans la mesure où elle contribue à la création d’emplois. Elle n’est pas encore assez forte pour faire baisser le taux de chômage de manière significative.
Il serait bon d’adopter un consensus sur la croissance. On ne peut pas la négliger quand elle est absente et l’exalter quand elle revient. Il n’est pas difficile d’admettre qu’elle donne une indication sur l’état des lieux, que ses pannes sont coûteuses, et ses rebonds revivifiants. Dans une société apaisée, réformée, munie d’instruments efficaces pour travailler, il sera toujours temps de repenser la croissance en termes climatiques, environnementaux et d’égalité sociale.
RICHARD LISCIA
13)Chantiers navals de Saint-Nazaire, le propriétaire italien sera sous surveillance
Les chantiers navals de Saint-Nazaire vont bien rejoindre le groupe italien Fincantieri. Mais l’opération sera assortie d’un grand nombre de conditions, de façon à garantir le maintien sur place de l’activité.
L’État français a imposé d’avoir un droit de véto pour s’opposer à certaines décisions de Ficantieri. / Loïc Venance/AFP
Le gouvernement français a choisi de donner son accord à une reprise des chantiers navals de Saint-Nazaire par l’italien Fincantieri. Ils vont donc rejoindre ce spécialiste de la construction navale majoritairement contrôlé par l’État italien, et dont le siège est à Trieste. Ce groupe emploie 19 000 personnes sur 20 sites en Italie mais aussi aux États-Unis, en Roumanie, en Norvège, au Brésil et au Vietnam.
L’investisseur italien entend construire un grand groupe européen spécialisé dans la construction navale. Mais à Saint-Nazaire, les syndicats redoutaient que l’activité et le savoir-faire soient transférés hors de France. Pour l’éviter, le gouvernement a assorti son accord d’un grand nombre de conditions, à l’issue d’une discussion serrée de plusieurs mois.
Tout d’abord, Fincantieri n’aura pas la majorité du capital. Il prendra 48 %, tandis qu’un investisseur extérieur italien, la Fundazione Cassa di Risparmio de Trieste, prendra 6 %. L’État français de son côté conservera ses 33 % et DCNS, le constructeur militaire français, prendra 12 %. L’État français sera prioritaire durant au moins huit ans pour racheter les parts de la Fundazione. Cet investisseur est un fonds d’investissement appartenant à la mairie de Trieste ainsi qu’à la chambre de commerce, et qui soutient les entreprises locales.
L’État conserve deux représentants
Par ailleurs, l’État français a imposé d’avoir un droit de véto pour s’opposer à certaines décisions concernant le transfert de la propriété intellectuelle, la réduction d’activité du bureau d’études, la conclusion de partenariats hors d’Europe. Ces verrous seront garantis par la composition du conseil d’administration qui sera la suivante : 3 représentants pour Fincantieri, 2 pour l’État français, 1 respectivement pour la Fundazione, DCNS, et les salariés, tandis que le directeur général siégera également au conseil.
Moyennant ces mesures, l’accord de Paris a été accueilli avec un certain soulagement à Saint-Nazaire : « Nous sommes plutôt rassurés par l’ensemble des garde-fous mis en place », observe ainsi Christophe Morel, délégué de la CFDT.
Cependant, les longs mois de négociation ont laissé des traces. Il existe toujours un certain climat de méfiance autour de ce mariage franco-italien. Les mois qui viennent vont permettre de dire s’il va permettre de développer un « Airbus de la construction navale », comme le souhaite Fincantieri, et si la confiance peut s’installer.
12)Les chantiers STX de Saint-Nazaire sous pavillon italien
Le repreneur des chantiers navals de Saint-Nazaire devrait être le groupe italien Fincantieri.
Les syndicats demandent toutefois des clarifications sur la stratégie et le maintien de l’État français au tour de table.
Le groupe italien Fincantieri a été retenu, mardi 3 janvier, pour reprendre le chantier naval de Saint-Nazaire, spécialiste de la construction de grands paquebots. C’est ce qu’a annoncé le tribunal de commerce de Séoul. STX, l’actionnaire majoritaire coréen du chantier est en effet en cessation de paiement et l’Italien était le seul à avoir déposé une offre. Les deux parties vont entrer en négociation exclusive pour finaliser l’opération.
Les chantiers de Saint-Nazaire, de multiples propriétaires
Ancienne propriété du groupe Alstom, les chantiers sont passés en de multiples mains depuis vingt ans. Aujourd’hui, l’État français en détient 33 % au côté de STX. Ils emploient 2 600 personnes et font aussi travailler 5 000 salariés chez des sous-traitants.
Après une période difficile il y a cinq ans, le site a retrouvé la santé. Il profite de l’engouement pour les croisières maritimes. Le carnet de commandes est bien rempli, avec quatorze paquebots à construire d’ici à 2026. Le chantier a su se moderniser pour fabriquer de véritables parcs de loisirs flottants. Il a ainsi livré ces derniers mois l’Harmony of the seas, le plus grand navire de passagers au monde jamais construit.
Fincantieri, de son côté, est un fleuron de l’industrie italienne qui s’est développé à la fois dans la construction de navires de passagers, mais aussi de navires militaires et de marchandises. Le groupe a son siège à Trieste et emploie 19 000 salariés dans le monde, dans 20 chantiers navals en Europe, aux États-Unis et en Asie. Il est propriété de l’État italien et assure, à travers cette consolidation, vouloir donner naissance à un géant européen de la construction navale, un « Airbus du maritime ».
Inquiétudes des syndicats français
Mais ce n’est pas ainsi que les salariés de Saint-Nazaire, de retour au travail après la fermeture de fin d’année, voient la chose. « Pour nous, la perspective d’être racheté par Fincantieri provoque beaucoup d’inquiétude car ils sont spécialisés dans les mêmes produits : les gros navires à passagers, explique Jean-Marc Perez, délégué du personnel Force Ouvrière. Ils sont intéressés par la cale de construction de Saint-Nazaire, la plus grande d’Europe. Mais qu’en sera-t-il de nos bureaux d’études ou du service des achats ? Le gouvernement doit prendre ses responsabilités et exercer son droit de préemption pour nationaliser le chantier. »
À la CFDT, on partage les mêmes inquiétudes. « Que se passera-t-il en cas de nouvelle crise du secteur ? s’interroge Frédérique Journé, élue CFDT. Fincantieri a déjà son propre service commercial et pourrait être tenté de rationaliser. » Le syndicat ne demande pas la nationalisation, mais souhaite des garanties et le maintien de l’État dans le tour de table.
Le gouvernement français doit rassurer
Le secrétaire d’État à l’industrie Christophe Sirugue est attendu mercredi 4 janvier à Saint-Nazaire. Le gouvernement semble plutôt favorable à l’opération. Mais il va devoir rassurer les salariés, qui s’inquiètent notamment de l’accord qui lie Fincantieri à un gros constructeur chinois. Ils craignent une fuite du savoir-faire.
Une solution pourrait venir de DCNS. Le champion français de la construction navale militaire pourrait entrer au capital de l’ensemble, constituant ainsi un contrepoids à l’actionnaire italien. Le bruit a circulé mais, pour l’instant, ce n’est qu’une hypothèse. Le gouvernement devrait désormais préciser sa vision du dossier.
11)Cinq plates-formes de vente d’artisanat en ligne
Trois mois après le lancement de Amazon Handmade, la plateforme du géant de la vente en ligne dédiée à l’artisanat, revue des différentes places de marché spécialisées du secteur.
C’est l’une des « licornes » américaines, du nom de ces entreprises innovantes qui ont réussi à dépasser le milliard de dollars de valorisation boursière et à grossir au point devenir une référence mondiale dans leur secteur.
Née à New York, dans le quartier branché de Dumbo, à Brooklyn, la plate-forme Etsy emploie 920 personnes. Elle a réalisé 258 millions d’euros de chiffres d’affaires en 2015, dont 70 % aux États-Unis.
Handmade, de Amazon
Amazon, le bulldozer de l’e-commerce, s’est lancé lui-aussi sur le créneau de l’artisanat. Lancée depuis 2015 aux États-Unis, sa place de marché spécialisée dans le fait main, « Handmade », a été inaugurée en Europe en septembre dernier. Plus de 30 000 produits proposés par 1 000 artisans européens étaient disponibles lors du lancement.
A Little Market
Le site lancé par deux Français en 2009 regroupe plus de 100 000 artisans de toute la France et propose des millions de produits. La start-up française, qui prélève une commission de 5 % sur les ventes, emploie une cinquantaine de salariés. Elle s’est fait croquer en 2014 par son homologue américain Etsy qui l’a racheté par échange d’actions. La maison mère américaine a gardé la marque française.
« Nous avons deux positionnements de marque différents, indique Nicolas d’Audiffret, responsable d’Etsy Europe et cofondateur de A Little Market. ALM va être plus local, avec la possibilité d’acheter à un artisan proche de chez soi. Et ce qui excitera les clients français d’Etsy, c’est le côté international, de pouvoir acheter une table d’un créateur de Brooklyn ou Copenhague. »
Tictail
Concurrent suédois d’Etsy, Tictail est une place de marché présente dans 140 pays du monde. La jeune pousse, qui vise les marques indépendantes de vêtements, a levé 22 millions de dollars l’année dernière et espère se tailler une part dans le marché en pleine croissance de la vente d’objets en série limitée en ligne.
BigCartel
Alternative à Etsy, l’américain BigCartel propose contre un abonnement fixe de mettre à disposition un site et des outils de paiement en ligne. Le site revendique un million d’inscrits.
10)En France, le niveau du smic fait toujours débat
En France, le salaire minimum est plutôt élevé par rapport au salaire médian. Les allégements de charges relativisent ce coût pour les entreprises, mais pas pour les finances publiques.
Alors que de nombreux pays découvrent les vertus du salaire minimum, en France, où un tel plancher existe pourtant depuis 1950, experts et acteurs économiques continuent de se disputer autour des mêmes questions : le smic est-il bon ou mauvais pour l’économie ? Est-il trop haut, ou pas assez ? Ou encore : faut-il créer un « smic intermédiaire », plus faible, pour les jeunes et les personnes éloignées de l’emploi, comme le propose le Medef, ou adopter un « smic à 1 700 € », comme le souhaite la CGT ?
Grosso modo, du côté des économistes libéraux, on pense qu’une économie qui fonctionne bien est une économie où l’offre et la demande peuvent s’ajuster sans contrainte, jusqu’à atteindre un point d’équilibre. « Si on fixe de façon administrée un salaire minimum trop fort, explique Alain Fabre, expert associé à l’Institut de l’entreprise, automatiquement, cela décourage l’embauche de salariés à faible productivité, notamment les jeunes, et cela crée du chômage. » D’autant plus, ajoute-t-il, « dans une période comme la nôtre où les prix de vente sont de plus en plus déterminés par le marché mondial. Cela encourage aussi le recours à des emplois moins chers comme le temps partiel, les stages, ou le travail détaché. »
« Pas de relation directe entre smic et niveau de chômage »
Or, avec un smic brut horaire à 9,67 €, ce qui porte le smic mensuel brut à 1 467 € (1), le salaire minimum français est incontestablement à un niveau haut. Y compris si on prend en compte les autres salaires. Selon le dernier rapport annuel du groupe d’experts chargé d’éclairer le gouvernement sur la question, en 2013, le smic français atteignait 62,8 % du salaire médian (2) alors que le chiffre se situait sous les 50 % pour plus de la moitié des pays de l’OCDE.
L’argument ne convainc pas les économistes d’inspiration keynesienne. « Si on compare les pays qui ont des smics et les autres, on s’aperçoit qu’il n’y a pas de relation directe entre le smic et le niveau de chômage, affirme Mireille Bruyère, enseignante-chercheuse à l’université de Toulouse. Sinon, il n’y aurait pas autant de pays qui adoptent un smic parfois élevé. Le déterminant de l’emploi n’est pas le smic, mais l’existence d’une demande. Or le smic permet de soutenir la demande. »
En confortant le pouvoir d’achat des ménages modestes, ceux pour qui tout supplément de revenu est susceptible d’être non pas épargné mais consommé, la revalorisation du smic, qui concerne plus d’un salarié sur 10 dans le secteur concurrentiel, lui semble donc un bon outil. Surtout en France, où l’économie est traditionnellement tirée par la demande intérieure.
De plus, rappelle cette économiste, « depuis 1993, on a quand même eu une série d’allégements de cotisations sur les bas salaires, prolongés par le Cice et le Pacte de responsabilité, qui rend difficilement admissible l’argument sur un coût du travail trop haut. »
Un rôle de transfert social
De fait, selon le dernier rapport du groupe d’experts, si le smic est bien « nettement plus élevé en termes de salaires brut ou net (de 12 points supérieur) », le coût pour l’employeur, une fois défalqué les allégements, est « un peu supérieur à la moyenne de l’OCDE ».
Certes, réagit Alain Fabre, mais « à quel coût pour les finances publiques ? On fait jouer au smic un rôle de transfert social qui n’est pas le sien, estime-t-il. Il vaudrait mieux augmenter les transferts sociaux et laisser les entreprises déterminer un salaire minimum plus adapté à l’économie. »
Pour cet expert, « l’idéal serait d’avoir des salaires minima fixés selon les branches, pour égaliser les conditions de la concurrence dans un même secteur, et même selon les régions, car un smic à Paris ne laisse pas le même reste à vivre qu’à Figeac. »
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Le smic en chiffres
Combien ? Au 1er janvier 2016, le smic horaire est de 9,67 € brut, ce qui porte le salaire mensuel brut pour 35 heures à 1 466,62 €. Une fois déduit la CSG et la CRDS, le salaire mensuel net atteint 1 141,61 €.
Comment ? La loi fixe un salaire minimum depuis 1950. Mais ce Smig (salaire minimum interprofessionnel garanti), indexé sur l’inflation, évolue moins que la moyenne des salaires. En 1970, il est remplacé par smic (salaire minimum interprofessionnel de croissance), qui évolue en additionnant l’indice des prix mesuré pour les ménages ouvriers urbains et la moitié de l’augmentation du pouvoir d’achat du salaire horaire de base ouvrier. Des coups de pouce peuvent aussi être décidés par le gouvernement. Depuis 2013, un nouveau calcul prend en compte l’inflation mesurée pour les 20 % de ménages les moins aisés et le salaire de base des ouvriers et employés. Depuis 2010, la revalorisation s’effectue au 1er janvier au lieu du 1er juillet.
Qui ? D’après la Dares, en 2015, 1,7 million de salariés des entreprises du secteur concurrentiel (hors apprentis et intérimaires) ont été concernés par la revalorisation du smic horaire, ce qui représente 11,1 % des salariés.
9)L’Adie étend ses dispositifs de franchise solidaire
Pour créer de l’emploi tout en réduisant la fracture numérique, l’association lance sa nouvelle filière de microfranchise solidaire, Mon assistant numérique
l’Adie lance avec la société MonAssistantNumérique.com, une nouvelle filière de microfranchise solidaire. Ce nouveau concept a pour ambition de créer des emplois, tout en réduisant la fracture numérique. / Jean-Philippe Wallet/ACP prod - Fotolia
Après le petit jardinage, la location de voiture et la livraison de proximité, l’Adie lance avec la société MonAssistantNumérique.com, une nouvelle filière de microfranchise solidaire. Ce nouveau concept a pour ambition de créer des emplois, tout en réduisant la fracture numérique.
Créée en 1989 et présidée par Frédéric Lavenir, l’Adie accompagne et finance des personnes éloignées du marché du travail dans leur projet de création d’entreprise. Elle a octroyé 160 000 microcrédits en 25 ans et permet la création de 200 emplois par semaine.
« Mais toutes les personnes nourrissent l’ambition de créer leur entreprise n’ont pas forcément la bonne idée, économiquement viable, souligne Marie Degrand-Guillaud, directrice du développement de l’Adie. C’est l’intérêt du système de la microfranchise : aider ces personnes à se lancer, en se servant d’un modèle d’entreprise éprouvé. »
Objectif, 300 assistants numériques
Concrètement, les deux sociétés ont l’ambition de développer un réseau de 300 assistants numériques dans toute la France. Ils proposeront des services d’assistance informatique : dépannage (résolution de problèmes, élimination de virus, etc.) et formation à l’utilisation des outils numériques (ordinateur, smartphone, tablette, TV connectée, etc.).
« Il s’agit surtout de former les clients à l’utilisation de l’ordinateur, précise Marie Degrand-Guillaud. Avec des tâches simples – comment envoyer un mail, regarder des photos –, et d’autres plus difficiles, comme installer un système de contrôle parental, connecter des objets entre eux ou créer un site Internet. »
Deux types de clientèles ont été ciblés : les particuliers et les très petites entreprises.
Un modèle économique confirmé
MonAssistantNumérique.com a été créée en 2014 dans la ville de Cholet. Ses deux fondateurs, Antoine Poignant et Mathieu Tessier, ont imaginé le concept et commencé à le développer.
Il existe aujourd’hui 25 assistants dans toute la France, dont une douzaine a été accompagnée par l’Adie. « On a pris le temps de travailler avec le franchiseur, d’affiner le modèle économique et de voir s’il fonctionne. Nous avons maintenant un recul suffisant pour passer au stade de la microfranchise. »
Des tarifs et prestations types
Concrètement, cela signifie que l’Adie a investi dans la société d’Antoine Poignant et de Mathieu Tessier et qu’elle va maintenant les aider à étoffer leur réseau en sélectionnant des personnes intéressées et en les finançant.
Moyennant un droit d’entrée de 5 000 €, MonAssistantNumérique.com leur apportera une formation complète (coaching commercial, juridique, marketing, etc.) et des outils de communication.
La personne qui se lance va ainsi exploiter une marque nationale, qui prendra à sa charge des démarches de visibilité commerciale et de référencement sur Internet. Elle proposera des tarifs et des prestations types et bénéficiera d’outils mis en commun à tous les franchisés, comme un système de démarchage client, un autre pour la facturation, un central téléphonique pour gérer le service après-vente, un outil collaboratif grâce auquel les assistants pourront s’entraider…
D’autres microfranchises en préparation
Avant MonAssistantNumérique, l’Adie avait déjà lancé trois réseaux de microfranchises solidaires : un service de petit jardinage avec la société O2 ; un service de location de voiture avec Chauffeur & Go ; et un service de livraison de proximité avec Mon Coursier de Quartier.
Le premier, lancé en 2013, compte 80 jardiniers dans toute la France et se développe bien. L’Adie s’est désengagée du deuxième, même si l’entreprise Chauffeur & Go existe toujours, et le troisième compte une trentaine de franchisés.
« D’autres projets sont en préparation dans le petit bricolage, la réparation de vélo, l’assistance administrative, confie Marie Degrand-Guillaud. Nous sommes dans des phases de maturités différentes, mais certains devraient sortir au cours de l’année prochaine. »
8)Femmes, le long combat pour l’égalité salariale
Le 7 novembre deviendra-t-il la date symbole des discriminations qui pèsent sur les travailleuses françaises ? En tout cas, l’égalité affichée dans la loi reste un combat.
Depuis lundi 7 novembre, à 16 h 34 et sept secondes très exactement, les femmes françaises travaillent « bénévolement ». Ou, pour le dire autrement, en France, en 2016, une femme doit travailler 38 jours de plus qu’un homme pour toucher le même salaire.
C’est le constat choc que dresse le site féministe « Les Glorieuses » qui enjoint, dans sa dernière lettre d’information (1), l’ensemble des Français à protester contre cette « situation intolérable ».
S’inspirant d’une initiative islandaise qui a conduit les femmes de ce pays à descendre dans la rue le 24 octobre dernier, Rebecca Amsellem, 28 ans, doctorante en économie et fondatrice du site, appelle ainsi « les femmes, les hommes, les syndicats, les organisations féministes à multiplier les manifestations pour faire de l’inégalité salariale une problématique politique centrale. »
Un écart de 15 % entre les hommes et les femmes français
Pour arriver à cette date symbolique du 7 novembre, Les Glorieuses se basent sur les statistiques d’Eurostat qui constatent qu’en 2015 les femmes ont été payées 15 % de moins que les hommes en termes de salaire horaire brut moyen. « Les 38 jours ouvrés restant sur les 253 que compte l’année représentent cet écart de salaire qui pénalise peu ou prou quelque 14 millions de travailleuses, soit 48 % de la population active », souligne Rebecca Amsellem.
« En réalité, le constat est bien plus grave que cela. Si l’on tient compte, non plus du salaire horaire, mais du salaire mensuel, on arrive à un écart de l’ordre de 25 % », précise Rachel Silvera, maîtresse de conférences à Paris X (2).
Cette inégalité de traitement s’explique par la double peine qui pèse sur les femmes dans l’accès au monde du travail. D’une part, « le fait que les femmes subissent plus que les hommes le temps partiel dans des emplois peu qualifiés, sans perspective de promotion », poursuit l’économiste.
De l’autre, une forme de ségrégation professionnelle qui cantonne les femmes à certains emplois dans des secteurs moins reconnus et donc moins rémunérés, comme ceux du soin à la personne, de la santé, du secrétariat et du nettoyage.
Des discriminations souvent liées à la maternité
« Mais même en tenant compte de ces deux facteurs, il reste environ 10 % d’écart salarial qui relève d’une discrimination plus pernicieuse encore, souvent liée à la maternité, et qui pénalise fortement les femmes dans leur évolution de carrière », précise Rachel Silvera.
Tout ceci explique que malgré un nombre impressionnant de textes législatifs, et en dépit de quelques progrès notables – notamment en matière d’accès aux diplômes et de mixité dans certaines professions –, on est encore loin de l’égalité réelle.
« Pour progresser, il faudrait remplacer le slogan « A travail égal, salaire égal » par la formule « un salaire égal pour un travail de valeur égale » inscrite dans la loi depuis 1972 mais qui peine à produire des effets », souligne Séverine Lemière, maîtresse de conférences à Paris Descartes. « Il est en effet urgent de revaloriser des métiers très féminins dont on ne reconnaît pas assez les compétences mises en œuvre », poursuit-elle.
À ce rythme, « il faudra au moins 150 ans pour atteindre la parité »
Un autre chantier concerne les entreprises que la loi contraint à signer des accords sur l’égalité salariale sous peine d’être sanctionnées, mais qui continuent de traîner des pieds, sans doute parce que la conjoncture économique ne se prête guère aux augmentations.
« Toutes les données montrent que si l’on n’avance pas plus vite, il faudra au moins 150 ans pour atteindre la parité », souligne Séverine Lemière. Un délai que Rebecca Amsellem juge « inacceptable ».
7)Air France-KLM crée une nouvelle compagnie
Le PDG du groupe franco-néerlandais, Jean-Marc Janaillac, a dévoilé le 3 novembre son plan stratégique en neuf axes pour « redevenir leader » dans le transport aérien et lutter contre les concurrents du Golfe. L’un des points les plus remarqués est la création d’une nouvelle compagnie pour desservir des lignes aujourd’hui déficitaires.
Le nouveau PDG d’Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, au centre, a présenté 3 novembre en comité central d’entreprise de la compagnie française et à la presse après l’avoir dévoilé mercredi en conseil d’administration. / ERIC PIERMONT/AFP
Pourquoi Air France-KLM choisit-elle de créer une nouvelle compagnie ?
Les voyageurs aériens français connaissent bien entendu Air France, sa filiale Transavia dévolue aux vols low-cost, ou encore Hop, née de l’unification des compagnies régionales. Bientôt, une nouvelle compagnie va voir le jour, dont le nom n’est pas encore décidé mais qui conservera le label Air France dans sa marque.
C’est l’un des points remarqués du plan stratégique « Trust together » (La confiance ensemble) que le nouveau PDG d’Air France-KLM, Jean-Marc Janaillac, a présenté 3 novembre en comité central d’entreprise de la compagnie française et à la presse après l’avoir dévoilé mercredi en conseil d’administration.
Cette nouvelle compagnie devra permettre à Air France de « s’adapter aux situations de concurrence très agressive », a-t-il expliqué. La menace désignée, ce sont les compagnies du Golfe qui se sont développées de manière exponentielle ces dernières années. « Il y a quatre ans, Emirates avait le même nombre d’avions que nous et devrait en avoir le double dans quatre ans », a-t-il insisté, citant aussi en exemple la croissance de Qatar Airlines.
Selon le responsable du groupe franco-néerlandais, ces compagnies gagnent des parts de marché dans des conditions de concurrence « inacceptables ». Il cite plusieurs rapports dont l’un, américain, selon lequel les compagnies du Golfe auraient bénéficié en une dizaine d’années pour environ 36 milliards d’euros de subventions directes ou indirectes de la part de leurs gouvernements.
À quoi ressemblera cette nouvelle entité ?
La direction a insisté sur le fait que la nouvelle venue dans le ciel ne sera pas une compagnie à bas coût. Elle offrira un produit de qualité mais un peu plus standard qu’Air France. Sans première, elle devrait cependant proposer une classe affaire avec des fauteuils, certes entièrement inclinables, mais pas au niveau proposé aujourd’hui dans les nouvelles cabines de la compagnie. Date prévue de lancement : l’été 2017 pour des destinations de moyen-courrier et l’été 2018 pour les liaisons long-courriers.
Air France compte sur une dizaine d’avions d’ici à 2020 et exploitera des lignes aujourd’hui soumises aux concurrences les plus agressives, et donc les plus déficitaires (35 % des lignes long courrier de la compagnie sont déficitaires).
Cette nouvelle compagnie, « filiale à 100 % et totalement intégrée dans le groupe », selon une source proche de la direction, devrait voler sur un tiers de nouvelles lignes. Sans doute beaucoup de destinations d’Asie du Sud-Est, comme le Vietnam ou la Thaïlande, qui génèrent une demande forte à la fois de clients affaires et de clients loisirs.
Quant aux pilotes, ils seront, un peu comme pour Transavia, détachés d’Air France sur la base du volontariat. En revanche, les hôtesses et stewards devraient être recrutés spécialement, un gage de coûts moindres pour le groupe.
Quels ont été les premières réactions des salariés ?
Le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), majoritaire dans cette catégorie de métier, s’est « réjoui » d’avoir trouvé un PDG « avec une stratégie » qui repose sur « des idées plutôt ambitieuses ». S’il ne se montre pas hostile à la création d’une nouvelle compagnie, le SNPL estime qu’il ne faut pas instituer « un nouveau groupe de pilotes » au sein de la maison mère et de veiller à « ne pas exclure » certaines catégories du personnel comme les hôtesses et stewards.
De fait, les syndicats d’hôtesses et stewards ont réagi fraîchement à l’idée d’un recrutement direct. L’Union des navigants de l’aviation civile (Unic) craint ainsi que les personnels de cabine soient « les grands perdants de ce projet ».
6)La spectaculaire remontée des prix de l’électricité
L’indisponibilité d’un tiers du parc nucléaire d’EDF a un impact direct sur les prix.
Illustration compteur électrique.
En septembre, la production d’électricité d’origine a atteint son plus bas niveau depuis août 1998, soit 26,6 terrawahh/heure (TWh), selon les données fournies par RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité.
Cette situation est la conséquence directe des difficultés techniques qui affecte le parc d’EDF, dont 21 réacteurs sur 58 étaient à l’arrêt dans l’hexagone, le 19 octobre. C’est plus que d’habitude, même si le nucléaire assure toujours 70 % environ de la consommation française. Normalement, en cette période de l’année, seulement 12 à 15 réacteurs sont stoppés pour maintenance ou rechargement du combustible.
Mais l’électricien est confronté à une série de pépins, avec notamment des trop fortes concentrations de carbone sur certaines pièces de ses générateurs de vapeur, qui équipent 18 réacteurs, et qui pourraient affecter la résistance de l’acier. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a ainsi demandé à EDF, le 18 octobre, d’arrêter cinq réacteurs pour des vérifications.
Peut-on manquer de courant cet hiver ?
Il est encore trop tôt pour le dire. RTE ne publiera que début novembre ses prévisions pour l’hiver. Un travail énorme qui nécessite de mouliner 700 millions de données. Rien que Météo France fournit 200 scénarios par jour. Mais avec des marchés interconnectés, il faut regarder les prévisions climatiques dans toute l’Europe, comme par exemple en mer Baltique où il y a beaucoup d’éoliennes.
De nombreux paramètres sont pris en compte : l’état du parc de production, avec beaucoup de renouvelables qui arrivent sur le marché, mais également les perspectives de croissance économique, qui peuvent faire varier beaucoup la consommation d’électricité dans l’industrie.
Pour l’heure, l’Europe ne manque pas de courant. Mais les températures sont douces. En cas de pic de demande, les jours sans vent et sans soleil, des centrales charbon et ou fioul pourraient néanmoins être appelées.
Les prix de l’électricité vont-ils remonter ?
Les soucis d’EDF ont déjà un impact sur les prix de gros de l’électricité, établis par les bourses de l’électricité, en fonction de l’offre et de la demande. Ils prennent de plus en plus de place. L’an dernier, les volumes échangés ont progressé de 50 % pour atteindre 1 466 TWh, soit trois fois la consommation française.
Aux heures de pointe du début de soirée, les prix de marché dépassent aujourd’hui 80 € le mégawatt heure (MWh), selon les données fournées par Epex Spot, la bourse de l’électricité. Pour le reste de la journée, ils dépassent fréquemment les 60 € ces derniers jours.
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) évoque « une hausse brutale au cours des quinze derniers jours de septembre, dans un contexte de faible disponibilité effective de la filière nucléaire et d’informations relatives au prolongement d’arrêt de tranches nucléaires ».
En quelques mois, la remontée est spectaculaire. En 2015, les prix de marché de l’électricité se sont établis en moyenne à 38,5 € le MWh, d’après la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Au premier trimestre 2016, ils ont même touché des points bas, autour de 25 € le MWh.
« Par son ampleur et sa rapidité », cette hausse des prix pourrait avoir « un impact important », sur les marchés de l’énergie. Pour les particuliers, par exemple, la concurrence s’est intensifiée depuis le début de l’année, avec l’arrivée de nouveaux opérateurs et une tendance très nette à la baisse des prix de l’électricité, qui peuvent être 10 % plus bas que le tarif réglementé. Cette nouvelle donne pourrait les inciter à se montrer moins généreux.
5)Budget 2017 "après moi le déluge"
Les candidats de la droite à l’élection présidentielle ont publié des programmes abondants. Ils n’ont pas caché leurs intentions. Ils veulent tous relancer l’économie par une diminution de la dépense publique et par une réduction de la pression fiscale capable d’orienter le capital vers l’investissement.
LA GAUCHE s’est hâtée de les critiquer. Non sans à-propos, elle souligne que des économies drastiques sur la dépense publique, assorties de vagues de licenciements dans la fonction publique, mettraient la France à genoux. L’argument du pouvoir est que nous avons besoin de plus de juges, de plus de policiers, de plus d’enseignants. Et de rappeler que Nicolas Sarkozy a réduit les effectifs de la police alors que nous avons tant besoin de policiers. C’est de bonne guerre. Mais cela n’explique pas les dépenses du gouvernement en période électorale. Il a certes été contraint d’augmenter les effectifs de la sécurité et il sait que personne, ni à droite ni à gauche, ni dans l’opinion, ne le lui reprochera. En revanche, il a construit un budget 2017 qui veut dire : après moi, le déluge. Ce budget ne correspond pas aux critères de Maastricht, dont il s’éloigne au lieu de s’en rapprocher. Il distribue toute une série de cadeaux fiscaux propres à satisfaire l’électorat traditionnel du PS, classe pauvre et classe moyenne. Il met en danger, et de façon très sérieuse, l’engagement du gouvernement à ramener le déficit budgétaire au-dessous des 3 %. L’opposition le dit, la Commission européenne le dit, mais le pouvoir n’en a cure.
Sacrifier le budget aux nécessités électorales.
François Hollande a choisi de sacrifier l’équilibre du budget à la nécessité de renforcer son électorat qui diminue comme peau de chagrin. Certes, il n’est pas le seul président qui se soit livré à des largesses électorales au détriment des fondamentaux de l’économie. En même temps, il n’en est plus à un vice de gestion près. Par ailleurs, la majorité actuelle est très à l’aise pour annoncer le cataclysme auquel conduirait l’application des dispositions prévues par les différents programmes de la droite. La critique est possible dans la mesure où ces programmes se ressemblent. Ils prévoient tous une forte diminution de la dépense publique en cinq ans (100 milliards pour M. Sarkozy, 110 pour François Fillon, qui présente la réforme la plus aboutie), le report de l’âge de la retraite (65 ans dans le cas d’Alain Juppé), une augmentation de la TVA pour compenser une baisse des impôts pour tous et la suppression de l’ISF. La majorité attaque donc la philosophie de ces programmes sur plusieurs points : ils ne sont pas de nature à garantir l’équilibre budgétaire, ce qu’on ne peut savoir qu’à l’usage ; ils créeront du chômage à cause des suppressions de postes de fonctionnaires ; ils sacrifient à terme le fameux « modèle social » français.
Toute baisse d’impôt doit être financée.
Ces critiques
ne sont pas particulièrement excessives. Les candidats doivent revenir sur leurs propositions et abandonner l’idée que la relance de l’économie française passe par l’abandon des critères de Maastricht, qui
ne sont pas, décidément, la tasse de thé de la France. Toute diminution d’impôt doit être financée. Le budget doit revenir à l’équilibre. Il faut aussi être très précis au
sujet des dépenses. Si les suppressions de postes de fonctionnaires ne sont pas possibles dans la police et dans la justice, sont-elles plus acceptables à l’Éducation nationale ? Bref, on a trop l’impression qu’à
la générosité fiévreuse du pouvoir correspondent des promesses de la droite plutôt calculées pour séduire l’électorat. Ni la gauche ni la droite ne jouent le sérieux et la transparence. Ce
qui n’enlève rien au bilan désastreux de la gauche au pouvoir. Au moins la droite a-t-elle pour argument qu’elle va tenter ce qui n’a jamais été fait en France, ce qui est fait ailleurs avec succès et ce
que M. Hollande n’a pas su faire avec ses usines à gaz dont on ne saura jamais si elles étaient inspirées par les théories social-démocrates, un zeste de marxisme, ou une timide incursion dans le libéralisme,
qui ne fut pas assez franche pour réduire le chômage, mais fut assez complexe pour ne produire aucun résultat.
Le prochain gouvernement devra appliquer la politique volontariste, dégagée de tous les tabous, que le président
actuel n’a pas su conduire. La nature du mal français crève les yeux : il est dû à l’absence d’une stratégie qui a diminué ailleurs le nombre des chômeurs. Quant au fameux « modèle
social », qui nous vaut absence de croissance et taux de chômage insupportable, n’a-t-il pas un furieux besoin de changer ?
RICHARD LISCIA
4)Solidarité nationale qui
prévoit en économie?
Certes. Mais à quel prix ? L’année 2016 a été mauvaise pour la France, sur beaucoup de plans, sécuritaire, industriel, agricole. Le chômage continue d’augmenter. Nous n’avons été bons que pour les exportations d’armes. On comprend très bien que l’État joue son rôle, qui consiste à n’abandonner personne à son sort, mais on comprend aussi qu’il se découvre des moyens qui n’existent qu’en période électorale et qu’il laissera la facture à l’exécutif qui naîtra des élections générales. Ce qui manque le plus à la France, pourtant bardée d’énarques et d’experts, c’est la prévision. Nous ne voyons jamais venir les catastrophes. Elles nous prennent par surprise, nous laissent bouche bée, et le citoyen lambda constate qu’il n’est pas plus étonné que le gouvernement lui-même. Alstom pouvait mieux faire. Un fonds de secours pour l’agriculture aurait dû être abondamment fourni depuis longtemps pour parer aux urgences. Quant à l’industrie, comment ne pas s’indigner des pertes d’Areva, ne pas s’inquiéter du projet nucléaire de 20 milliards en Grande-Bretagne, comment comprendre qu’Airbus, dont le carnet de commandes est bourré, ait des difficultés à cause de la mévente de l’A380 ? Qui planifie, qui prévoit, qui voit venir ?
RICHARD LISCIA
3)Fiscalité/patrimoine - Assurance-vie Comment lui faire conserver son titre de « placement préféré des Français » ?
(quotidien du médecin)
Décret et projet de loi, dans deux domaines différents, viennent remettre en cause les principes attachés aux fonds en euros des contrats d'assurance-vie, principes qui ont fait leur succès ces dernières années.
Un rendement des fonds en euros en baisse de façon mécanique
Vous avez pu remarquer la baisse des rendements des fonds en euros, baisse liée aux baisses des taux d’intérêt.
La raison de cette baisse est simple et mécanique : les fonds en euros sont majoritairement investis dans des obligations. Par le passé, les compagnies d’assurance ont investi dans ces obligations, aux rendements bien plus élevés que ceux servis actuellement. Mécaniquement les obligations passées arrivent à échéance et les nouvelles conditions d’investissement sont moins favorables…
Inexorablement, donc, le rendement des fonds en euros baisse et sera amené à baisser durablement.
Des incidences (voire des risques) autres qu’un problème de rendement
Au vu de ce phénomène, et face au risque que fait courir une remontée des taux d’intérêt sur la solidité des compagnies d’assurance, le législateur a rédigé deux textes qui changent fortement la donne en matière d’assurance-vie.
a) Le décret de juillet 2016 : les plus-values latentes non distribuées des fonds en euros pourront être transférées vers les fonds euro-croissance
En résumé, la loi de juillet 2016 permettra à l’assureur de décider unilatéralement de transférer les plus-values latentes non attribuées des fonds en euros vers des fonds euro-croissance.
Rappelons que les contrats euro-croissance ont pour objectif de permettre une prise de risque plus importante, en contrepartie d’un blocage des fonds et d’une absence de garantie en capital pendant 8 ans.
Chaque année, l’assuré du fonds en euros sera informé du pourcentage des plus-values latentes du fonds en euros transférées vers les fonds euro-croissance, ainsi que du rapport entre les plus-values latentes du fonds en euros et la valeur inscrite dans les comptes des actifs de ce même fonds, avant et après application du mécanisme de transfert.
b) Le projet de loi Sapin II : une restriction de la liquidité et un contrôle des taux garantis
Plus pernicieux encore, le projet de loi Sapin II renferme deux mesures clairement défavorables à l’investisseur.
Celles-ci sont inspirées par la nécessité de préserver la stabilité du système financier et de prévenir les risques menaçant gravement la situation financière des organismes d’assurance.
La première mesure prévue par le projet consiste à doter le « Haut Conseil de Stabilité Financière » (HCSF), placé sous l’autorité du ministère des finances, du pouvoir de limiter de façon de façon prudentielle le taux du fonds en euros de n’importe quelle compagnie d’assurance.
La seconde lui donnera également la possibilité de « suspendre ou restreindre temporairement la libre disposition de tout ou partie des actifs » (article 21 bis du projet de loi), Sont principalement visés par cette disposition les fonds en euros des compagnies. Les contrats de droits luxembourgeois détenus par un résident Français sont bien entendu concernés.
Cette mesure signe donc la fin de la liquidité garantie sur les fonds en euros.
De là à voir un interventionnisme de l’État sur les finances privées, il n’y a qu’un pas qui ne tardera pas à être franchi (le projet de loi devrait être définitivement voté à la fin du mois).
Il y a bien sûr des solutions…
Les choses sont claires : l’intention est de pousser les investisseurs à investir dans l’économie réelle, notamment dans les fonds en unités de compte. À eux de s’adapter face à ce nouvel environnement économique et réglementaire. Pour Vincent Couroyer, président du réseau Magnacarta, « les fonds en euros ne sont pas à fuir mais leur utilisation doit maintenant être adaptée ».
L’assurance-vie continuera à tirer son épingle du jeu et à rester le support idéal pour valoriser votre épargne dans le temps, tout en profitant d’un cadre fiscal favorable en termes de rachat et de transmission, à condition que vous soyez très bien accompagné dans la mise en place de votre allocation d’actif.
La première action à mener : consulter un vrai professionnel de la gestion d’actifs (comme un conseiller en gestion de patrimoine) qui saura bâtir une stratégie de gestion correspondant à vos objectifs en termes de risques et de durée et, surtout, qui vous garantira un suivi dans le temps.
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1)Pourquoi Le Déficit Commercial De La France S’aggrave-T-Il
Selon Les Douanes, Le Déficit Du Commerce Extérieur Français S’est Détérioré De 1,1 Milliard D’euros Au Premier Semestre 2016, Sapant Les Espoirs Du Gouvernement De Le Limiter À 40,3 Milliards D’euros Contre 45,7 Milliards En 2015. Pour Les Analystes, Le Ralentissement Économique Mondial Explique En Partie Cette Contre-Performance. Mais La Situation Se Redresse Depuis 2011.
Le Bilan Semestriel Du Commerce Extérieur Français Publié Vendredi 5 Août Par Les Douanes Est En Passe De Saper L’espoir Du Gouvernement : Ramener Le Déficit Commercial 2016 À 40,3 Milliards D’euros Contre 45,7 Milliards L’année Dernière.
Le Secrétaire D’État Au Commerce Extérieur, Matthias Fekl, L’a Reconnu Dans Une Interview Accordée Au Figaro : Le Déficit « Risque De Se Creuser À Nouveau ».
Ce Dernier S’est En Effet Détérioré De 1,1 Milliard D’euros, À 24 Milliards, Pendant Les Six Premiers Mois De L’année 2016. Selon Les Douanes, Cette Mauvaise Performance S’explique Surtout Par « L’élargissement Du Déficit Manufacturier Qui L’emporte Sur L’allégement De La Facture Énergétique. »
À
Reflux Des Exportations
Les Ventes De Matériel Aéronautique Et Spatial « Notamment Vers L’Asie Et Le Proche Et Moyen-Orient » Ont Marqué Le Pas, Selon Les Douanes, Pénalisant Fortement Les Exportations Françaises. De Fait, Ces Exportations Ont Reculé De 1,4 % Par Rapport Au Semestre Précédent.
D’autres Secteurs Exportateurs Sont Pénalisés Avec Une Baisse Des Ventes De Produits Chimiques Et Métallurgiques Mais Aussi Celles D’équipement Informatique, Électronique Ou Électrique
Le Paquebot Du Succès
En Règle Générale, Les Ventes Ont Souffert Du Ralentissement Économique Des Grands Pays Émergents, Comme La Chine Ou Le Brésil, Mais Fléchissent Aussi En Europe, Comme Celles Vers Les Pays-Bas Ou L’Espagne. Au Contraire, Le Déficit S’est Amélioré Concernant Les Ventes Vers L’Allemagne, Se Réduisant D’un Milliard D’euros.
Certains Secteurs Ont Au Contraire Limité Les Dégâts Du Bilan Général. Comme L’industrie Navale Avec La Livraison Du Plus Grand Paquebot Du Monde : Le Navire « Harmony Of The Seas », Mais Aussi Les Matériels Ferroviaires Ou Les Produits Pharmaceutiques. Le Secteur De L’automobile Tire Aussi Son Épingle Du Jeu Avec Une Consolidation De La Reprise…
Les Importations Reculent Aussi
Au Premier Semestre 2016, Les Importations Refluent Aussi, Mais De 1 %, Dans Une Proportion Moindre Que Les Exportations. À Noter Que Les Importations Automobiles Ont « Fortement » Augmenté Depuis L’Espagne, L’Italie Ou Encore Les Nouveaux Membres De L’Union Européenne.
Les Douanes Soulignent Une « Croissance Soutenue » Des Acquisitions Aéronautiques Et Spatiales, En Raison Notamment D’achats D’avions Gros-Porteur, De Moteurs Et De Satellites Aux États-Unis. Les Achats Énergétiques Poursuivent Quant À Eux Leur Tendance À La Baisse.